Qui c'est les plus forts ?

Film : Qui c'est les plus forts ? (2014)

Réalisateur : Charlotte De Turckheim

Acteurs : Alice Pol (Samantha), Audrey Lamy (Celine), Bruno Sanches (Dylan), Anna Lemarchand (Kim)

Durée : 01:43:00


Charlotte de Turkheim s'est manifestement donné l'objectif de pointer la caméra sur le bon peuple de France, de façon complaisante et compatissante. On avait vu Mince alors !, qui réfléchissaient sur le rapport des femmes à leur poids, ici le scénario s'occupe des faibles, des personnes licenciées, qui se retrouvent en grande difficulté financière et doivent néanmoins faire face à de graves problèmes.
Samantha, jeune femme licenciée par son entreprise malgré ses protestations parfois lamentables (elle montre ses seins comme une vulgaire Femen pour protester contre la fermeture de l'établissement), doit s'occuper de sa jeune sœur atteinte de troubles psychiatriques. Autour d'elle, des amis dévoués : Céline, incarnée par Audrey Lamy, le cœur sur la main et la personnalité bien affirmée, et Dylan, interprété par un Bruno Sanchez qui devrait prendre garde à ne pas s'enfermer dans ses rôles de brave gars bien gentil mais un peu "concon" (on l'a vu récemment à l'affiche dans
Le talent de mes amis).

La cinéaste profite donc de l'occasion pour donner son petit avis sur les questions de société.
En premier lieu, les fermetures d'usine. Le problème étant complexe, Charlotte de Turckheim prend garde à ne pas trop prendre parti mais présente à juste titre la chose comme un constat douloureux. Les usines ferment, des gens sont au chômage. C'est triste. Ce qu'elle pointe du doigt, en revanche, c'est la difficulté des salariés à retrouver du travail, et là, l'analyse est douteuse. Qu'un homme de 55 ans, après des années du même métier, se retrouve dépourvu devant la fermeture d'une usine, voilà qui est compréhensible, mais qu'une jeune femme à la trentaine bien tassée explique qu'elle ne sait que plumer des poulets, voilà qui est un tantinet ridicule. Comme le fait que son amie n'ait rien trouvé d'autre qu'être hôtesse de téléphone rose.
En voulant défendre les petites gens, la réalisatrice finit en effet par les desservir. Car leur parler (assez caricatural), les attitudes (se mettre à poil dans une manifestation) et les choix de vie (louer son ventre) finissent par les faire passer pour des gens sans aucune noblesse. Or les personnes pauvres ne sont pas pour autant incultes, vulgaires et inaptes à la vie ! Les présenter comme cela trahit les nobles de cœur et enferment les vulgaires dans une étagère qu'on leur désigne.
Bien sûr ! Il y a de nobles sentiments, comme l'entraide, le sens des responsabilités, etc. Mais tout cela est baigné dans un contexte qui pue la Kronenbourg, et c'est dommage !
--ATTENTION LE PASSAGE SUIVANT DEVOILE L'INTRIGUE --
A côté d'eux, deux homosexuels habillés comme des princes, des bouilles d'anges, des gens de la haute, gentils comme tout, polis comme personne, avocats londoniens auxquels on confierait le bon Dieu sans confession, qui veulent... que Samantha porte leur futur enfant. Oui je sais, ça calme... D'autant qu'on a le droit à l'habituelle tarte à la crème : la très fameuse comparaison entre les couples hétérosexuels indignes de leur parentalité et les couples homosexuels aimant, pour bien se persuader que la seconde situation vaut bien la première.
-- FIN DU PASSAGE DEVOILANT L'INTRIGUE --
Face à un acte aussi grave, les consciences se rebellent un poil, avant de céder totalement. Charlotte de Turckheim prend ici parti pour la cause homosexuelle, non sans installer (involontairement ?) un malaise palpable.

Un tel fond accompagné d'une forme si froide (couleurs désaturées, gags comme des pétards mouillés) ne peut qu'engendrer un film médiocre et, finalement, sans grand intérêt.