Certaines réalités n'ont pas besoin d'& ecirc;tre amplifiées pour être éloquentes. Les libres-antennes sont de celles-là. Le spectateur découvre les coulisses admirablement bien analysées d'une petite équipe de branquignols guidés exclusivement par l'argent, le plaisir et la bêtise, et empêtrés dans des problèmes qui n'existent que dans leurs têtes.

Clovis Cornillac, excellent acteur au demeurant, campe un animateur principal survolté, méprisant et imbu de lui-même, tandis que Manu Payet promène sa tête toujours aussi rigolote sur un personnage essentiellement occupé à faire l'amour par procuration. Le dénommé Smitters, homme à tout faire de l'équipe, est incroyablement authentique. Malheureux comme tout avec son faciès de petit rat, malmené par ses collègues, il est celui qu'on entend rire bêtement en toile de fond sitôt qu'on s'arr& ecirc;te sur les Skyrock, Fun Radio et autres NRJ. Jérémie, quant à lui, n'existe que par ses bégaiements tandis que Cyril campe un vieux beau sur la touche.

N'allez pas croire que le tout fait un film inintéressant. Au contraire ! Passés les premiers messages convenus, comme le fait de montrer la fracture entre la province et le monde parisien, la dure loi des statistiques d'audience et l'inconsistance du show-biz, le film montre en fait au travers des yeux ébahis de Ben, un jeune homme qui rêve de faire carrière, l'image d'une société de consommation sans autre repère que celui de la réussite, et montre à qui veut bien le voir la vacuité des relations humaines.

Pour un peu, on en deviendrait nihiliste !