Robin des Bois

Film : Robin des Bois (2010)

Réalisateur : Ridley Scott

Acteurs : Russell Crowe (Robin Longstride), Cate Blanchett (Marianne Loxley), Max von Sydow (Sire Walter Loxley), William Hurt (William Marshal), Mark Strong (Godefroy) .

Durée : 02:20:00


Les décors fastueux, le casting et le thème laissaient présager de grandes choses. De fait certains acteurs sont remarquables : Russel Crowe n'est décevant que parce qu'il rempile dans un rôle de chef charismatique qui fait figure de doublon, et les autres acteurs assument leur rôle avec brio. Mark Strong et Cate Blanchett se démarquent cependant de la troupe, le premier par son excellence, la seconde au contraire par sa trop grande platitude. Les décors sont somptueux, les plans photos pullulent, et les costumes sont magnifiques. Les personnages mythologiques présentent l'avantage de pouvoir être redessinés sans relâche par les artistes sans risquer de se heurter aux contraintes de l'Histoire. Ridley Scott parvient pourtant à égratigner sérieusement la réalité de l'époque en la ré visant au travers des verres du marxisme. On n'échappe à aucune idée reçue : Richard Coeur de Lion, habituellement présenté par la légende en monarque modèle, n'est qu'un pillard pouilleux en-deçà de sa renommée, le Pape n'agit pas selon les principes catholiques, mais d'après de basses ambitions politiciennes, l'Eglise opprime sans réserve un peuple étranglé par la misère et il est touchant de voir des scénaristes qui croient encore que le peuple est doué des meilleures vertus et que la ripaille est animée des meilleures intentions. Sur ce point, à voir Robin des bois, on a d'ailleurs l'impression que malgré la rudesse de leur métiers, les serfs peuvent se payer le luxe de faire la fête tous les vendredis soirs. On a même le droit à un slow d'époque ! Sacré Ridley, va ! Concernant le personnage de Robin des Bois, les troubadours en faisaient un rebelle par nécessité, Ridley Scott en fait un révolutionnaire par idéologie. Alors que l'idéal chevaleresque et féodal construit par le christianisme de l'époque avait réussi à imposer aux nobles le devoir de protection des serfs, le film propose d'y substituer une relation fondée sur le besoin : « Les rois ont besoin de leurs sujets comme les sujets ont besoin des rois. » Partant du principe que les deux ont par nature tendance à s'opposer (ce qui créé à la fois une logique de classe et une contre-vérité historique), on tente de créer un compromis idéologique fondé sur le besoin, c'est-à-dire sur l'intérêt personnel, lequel égoïsme est d'ailleurs la cause des guerres les plus sanglantes de l'histoire. Peut-être pour garder un semblant d'objectivité, le film montre des nobles et des clercs victimes de leurs semblables, ce qui donne juste l'impression que les loups se mangent entre eux. Bref un film qui a tout d'Hollywood, du faste jusqu'à la superficialité, n'en déplaise à Russel Crowe...