Sabotage

Film : Sabotage (2014)

Réalisateur : David Ayer

Acteurs : Arnold Schwarzenegger (John "Breacher" Wharton), Sam Worthington (Monster), Olivia Williams (Détective Caroline Brentwood), Terrence Howard (Sugar)

Durée : 01:49:00


Depuis son retour au cinéma, Schwarzy a fait des films relativement propres. Exit les boucheries type Machete, dans lequel Mel Gibson a dû se réfugier pour se refaire une virginité, ou les Rambo sanguinolents dans lequel son copain de toujours, Sylvester (à ne pas confondre avec le chat), explose des têtes façon casse-noix…

 

Alors s'est-il fait charrier par ses petits camarades à la sortie des toilettes ? S'est-il dit que, pour avoir l'air d'un homme, il faut plus que jamais broyer des chairs tuméfiées ? On ne le saura peut-être jamais, mais ce film ouvre grand la porte à une extrême violence et une vulgarité à couper le souffle. Éventrements, torrents de sang et autres joyeusetés de ce genre ont ici droit de cité avec une complaisance évidente de la caméra. Contrairement à End of watch qui, sans être pudique, savait se tenir, les gros plans de David Ayer, connu pour son souci du réalisme, comptent bien nous faire profiter de tout le spectacle !

 

On est donc loin du Dernier rempart ou du « mignon » Évasion. Schwarzenegger incarne ici le patron d'un groupe de la DEA (brigade anti-drogue), poursuivi par un passé extrêmement douloureux et montré dans les moindres détails dès le générique.

Le scénario est assez bien fait. Il s'agit d'un film d'action réussi avec des reflets de thriller. Toute la question est de savoir (on ne révèle rien puisque le résumé le dit) qui dans le groupe est un traître. Chacun soupçonne tout le monde, et la vie devient franchement fragile quand les gars de l'équipe meurent tous assassinés les uns après les autres.

De ce point de vue, donc, grâce aussi à un jeu d'acteurs approprié (Schwarzenegger ne tarit pas d'éloges à propos de Sam Worthington), le suspense est plutôt bien préservé, les méninges s'activent et l'enquête est intéressante.

 

On passera sur le voyeurisme évident d'un tel type de violence, absolument gratuit, violence qui s'accompagne également d'une bonne rasade d'érotisme.

La question centrale est celle de la vengeance. Flic, John est censé respecter et faire respecter la loi. Entouré de sa bande de durs à cuire (à la limite du ridicule : pourquoi faudrait-il forcément être vulgaires et violents pour avoir l'air forts, alors que ces travers sont précisément des faiblesses ?), il est en première ligne, affronte les plus coriaces et consacre sa vie au bien commun. Pourtant, pendant tout le film, sa principale préoccupation est de savoir qui a tué sa famille et, surtout, comment le leur faire payer. Il est clair qu'il faudrait une force hors du commun pour comprendre dans de pareilles conditions que la vengeance n'est pas la justice, mais pour le roi du biscoteau, la force est un terrain de jeu !

Le tout est baigné dans un contexte de licence totale. Échangisme sous-entendu tout le long du film, femmes délurées, violences gratuites, autant de choses qu'on a l'habitude de voir dans le camp des salauds et qui sont ici assumées par une équipe peu engageante.

En fait, le contexte est celui d'un Training day, du même réalisateur, mais dans lequel le mal ne serait pas dénoncé.

 

Après, c'est vous qui voyez...