Salaud, on t'aime

Film : Salaud, on t'aime (2013)

Réalisateur : Claude Lelouch

Acteurs : Johnny Hallyday (Jacques Kaminsky), Sandrine Bonnaire (Nathalie Béranger), Eddy Mitchell (Frédéric Selman), Irène Jacob (Printemps Kaminsky)

Durée : 02:04:00


Il faudrait, pour parler d'un film réalisé par Claude Lelouch et mettant en scène des noms aussi prestigieux que Johnny Halliday, Eddy Mitchell ou Sandrine Bonnaire se recueillir quelques instants, peser chaque mot, trembler sur son clavier, prendre une grande inspiration, et vendre son âme à la flatterie. Il faudrait, en somme, que la critique ne mérite pas son nom...

Mais que voulez-vous, je suis français. Fier, insolent, indépendant, iconoclaste, contre le système et les anti-système, je ne saurais crier au trésor quand je vois une bouse.

Car ce film, vraiment, ne semble avoir le mérite que d'exister. Claude Lelouch nous renvoie à l'histoire noire du cinéma, aux films obséquieux et tristes de la Nouvelle Vague, à la pellicule qui s'écoute se dérouler lentement, aux spectateurs exaspérés...

Dès le début du film, le ton est donné. Le jeu de Johnny sonne faux, les dialogues ne sont qu'une succession de bon mots déclamés sur un air inspiré. Par la suite, entre deux bâillements, on bouffe du montage chronologique pendant des kilomètres jusqu'à ce que ce récit linéaire se mette – on ne sait pourquoi – à se métamorphoser en flash-back éculés. Aux deux tiers du film, on hésite à presser la seringue, mais soudainement il semble qu'une enquête policière voit le jour. Ce serait comme un cheveu sur la soupe et la mise en contexte aura été longue mais, au moins, on vivrait à nouveau. Ha non... Ce n'est pas une enquête policière... Ce sont juste quelques questions soldées par des aveux tous pourris... Maman au secours, viens me chercher, le cinéma ne fait rien qu'à me faire du mal.

Comme, ainsi que le dit la chanson, le plus noir nuage a toujours sa frange d'or, on peut saluer la volonté de Lelouch d'avoir su retranscrire à l'image la nécessité de se protéger du brouhaha parisien, d'avoir voulu montrer combien la famille est importante, et d'avoir mené une réflexion sur l'amitié.

Mais même sur ces deux derniers points la gamberge est mollassonne. La famille de Johnny alias Jacques se reconstruit sur du vent, et l'ami en question, incarné par Eddy Mitchell, ment, trompe, manipule, adopte des postures de sage pour obtenir un bien qui n'est que friandise... Ce comportement pathétique – soupir – est validé par le film...

On pourrait bien, en creusant un peu la dure pierre de ce scénario, trouver quelque intérêt caché. L'abnégation de l'énième femme de Jacques, le bilan de sa vie, bon...

Il semblerait que la seule à avoir profité du film soit finalement Sandrine Bonnaire. C'est pas tous les jours qu'on a le droit de bécoter le vieux beau le plus célèbre de France...