Sans identité

Film : Sans identité (2010)

Réalisateur : Jaume Collet-Serra

Acteurs : Liam Neeson (Martin Harris), Diane Kruger (Gina), January Jones (Elizabeth Harris), Aidan Quinn (Martin B), Bruno Ganz (Ernst Jungen), Sebastian Koch (professeur Bressler), Frank Langella (Rodney...

Durée : 01:50:00


: Un thriller bien ficelé et haletant avec un Liam Neeson au sommet, mais passablement sous influence du point de vue du scénario !

Le film est l’adaptation d’un roman de l’écrivain français Didier Van Cauweleart (prix Goncourt en 1994 pour Un aller simple) intitulé Hors de moi. Le producteur Joel Silver (L’arme fatale de richard Donner) fut très vite emballé par le projet d’adaptation. Il proposa la réalisation à l’espagnol Jaume Collet-Serra, réalisateur de La maison de cire (déjà produit par Joel Silver), Goal 2-La consécration et Esther, qui accepta aussitôt. Le héros est incarné par Liam Neeson, l’inoubliable interprète de La liste de Schindler de Steven Spielberg, Darkman de Sam Raimi et Michael Collins de Neil Jordan. Retrouvant un rôle physique très proche de celui qu’il avait déjà tenu dans Taken de Pierre Morel, l’acteur irlando-américain démontre qu’il a encore du charisme à revendre et incarne
parfaitement son personnage d’homme perdu et isolé, mais combatif et audacieux. Le réalisateur Jaume Collet-Serra avait dit à son sujet « Liam était l’acteur idéal car il a une formidable présence ». De son côté, l’acteur affirme avoir tout de suite adhéré au scénario dont il dit l’avoir lu d’une traite (in Dossier de presse) ! A ses côtés, l’allemande Diane Kruger (Troie de Wolgang Peterson , Les brigades du tigre de Jérôme Cornuau, Inglorious basterds de Quentin Tarantino) interprète Gina, la jeune femme chauffeur de taxi qui entre fortuitement dans la vie tourmentée de Martin Harris et à qui elle va, après quelques réticences, accepter d’apporter son aide. Un personnage très commun au cinéma mais que l’actrice interprète très honnêtement. Complètent le casting Aidan Quinn (Frankenstein de Kenneth Branagh, Légende d’automne de Edward Zwick), Frank Langella (L’île aux pirates de Renny Harlin, La neuvième porte de
Roman Polansky) ainsi que les allemands Bruno Ganz (La chute d’Olivier Hirschbiegel, Un crime dans la tête de Jonathan Demme) et Sebastian Koch (La vie des autres de Florian Henckel Von Donnersmarck, Blackbook de Paul Veroheven). Un casting prestigieux donc pour un film à gros budget, parfaitement calibré pour un public amateur de divertissement sans faille.

Présenté comme un croisement entre Taken (auquel participait déjà Liam Neeson) et Jason Bourne (la désormais fameuse trilogie relatant les aventures de cet ex-agent secret recouvrant peu à peu la mémoire et incarné par Matt Damon au cinéma), le film rappelle également Frantic de Roman Polansky où le personnage d’Américain perdu à Paris et recherchant sa femme disparu, interprété par Harrison Ford, rappelle beaucoup celui de Liam Neeson de par son isolement,
aussi bien humain que linguistique (il ne parlait pas le français tout comme Martin Harris ne parle pas l’allemand), la suspicion qu’il rencontre vis-à-vis des différents représentants locaux de l’autorité et le fait qu’ils reçoivent finalement l’aide d’une jeune femme (Emmanuelle Seigner dans le film de Polansky que rappelle beaucoup le personnage de Diane Kruger). Un scénario déjà connu donc et intégrant des éléments déjà éprouvés auparavant dans nombre de films américains : suspens ciselé, courses-poursuites en voitures, bagarres et cascades assez violentes mais indéniablement efficaces, coups de théâtre. Pas grand-chose de neuf donc (mis à part peut être une légère touche d’originalité en obscurcissant quelque peu le caractère du héros, velléité vite abandonnée) mais une indéniable efficacité dans le déroulement. On reconnaît un bon thriller lorsque, même sur une base éculée, il parvient à tenir en haleine. Tel est bien le cas ici, le suspens et les rebondissements étant savamment dosés et la mise
en scène se montrant largement à la hauteur. En ce qui concerne les décors utilisés, la ville de Berlin où se situe l’intégralité de l’action est parfaitement utilisée et mise à l’honneur par le film, les amoureux de la capitale allemande en auront pour leur argent. Les quelques grosses ficelles assez invraisemblables (surtout durant le dernier quart d’heure), inhérentes au genre, passent bien et on suit aisément le film jusqu’au bout.

Précisons que le personnage de Martin Harris est prioritairement motivé dans sa quête d’identité par sa volonté de retrouver sa femme et l’amour, ainsi que la confiance aveugle qu’il lui porte. L’amour conjugal est donc un moteur puissant dans l’inspiration du héros et le déroulement de l’histoire. De plus, la morale reste sauve car, confronté dans ses réminiscences de sa vie antérieure, Martin Harris va devoir effectuer des choix par
rapport à sa vie et tourner le dos à certains aspects sombres. Un personnage défendable donc et que l’acteur sait nous rendre attachant.



Francis