Savages aura au moins le mérite de bien porter son titre. Avec aisance et doigté dans sa réalisation, Oliver Stone revient avec un scénario bien ficellé et rythmé faisant le plaidoyer de la dépénalisation du cannabis. Et si on en doutait, il le confirme dans une interview pour CinéObs. Les états n’ont pas une législation uniforme au Nouveau Monde, et l’on sait qu’en 2010 la Californie, lieux principal du film, avait rejeté par référendum la légalisation du cannabis. La thèse principale du film, loin d’être nouvelle, est que la pénalisation de l’herbe est une force pour les cartels de drogue et la corruption de la police et de la justice. Cette fillière occulte nourrirait tout un système de corruption créant des liens entre les autorités et les trafiquants. Que la corruption existe, cela ne fait aucun doute. Mais on comprend mal pourquoi la légalisation permettrait de l’anéantir... La légalisation de la prostitution a-t-elle permis de stopper le trafic sexuel et la corruption ? Cette argument étant d’assez mauvaise foi, Savages nous apprend que le cannabis a des vertus relaxantes, sensuelles et même médicales puisque qu’elle soulage le cancer. Mais Oliver Stone, dans un sursaut d’objectivité, soulève pendant deux minutes sur 201 minutes de pellicule le problème de la dépendance et des effets sur la concentration. En quoi la léglisation permettrait-elle de réduire les risques d’addictions ? Bref, malgré son casting de choc et sa belle photographie, Savages déballe un ramassis de poncifs sur la drogue agrémenté de sexe et d’une violence morbide comme pour mieux convaincre. Et lorsqu’Oliver souhaite mettre un peu de douceur et de poésie, il nous montre ses deux héros partager la même blonde...