Shoot’Em Up

Film : Shoot’Em Up (2007)

Réalisateur : Michael Davis

Acteurs : Clive Owen (Smith), Monica Bellucci (DQ), Paul Giamatti (Hertz)…

Durée : 01:30:00


C’est en voyant le film de John Woo À toute épreuve (1992), que le réalisateur de comédies pour adolescents Michael Davis a souhaité passer au film d’action. Plus particulièrement, c’est une séquence pendant laquelle l’acteur Chow-Yun-Fat tient une arme dans une main et un bébé dans l’autre qui l’a inspiré : « Associer un homme et un bébé, la force et l'innocence, l'expérience et l'espoir, provoquait une réaction d'émotion et un fabuleux tremplin pour l'action… » (in
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notes de production). Michael Davis réalise alors un cours-métrage d’une quinzaine de minutes pour convaincre les producteurs. Satisfait du résultat, il se lance alors dans le tournage de ce film de série B, flirtant en permanence avec le mauvais goût mais l’assumant complètement.


Voir Shoot’Em Up >, c’est risquer de se retrouver au générique dans le même état que les protagonistes du film : secoué jusqu’à la nausée par une action qui jamais ne faiblit, hagard, lessivé par ce cocktail de hard rock, de boucheries sanguinaires et de mauvais esprit. Lorgnant du côté des films d’action de Hong-Kong (voir John Woo) et l’humour noir de Tarantino (la carotte qui dans les mains de Smith devient une arme),

Shoot’Em Up porte remarquablement bien son titre, et n’a pas d’autre prétention que de garantir un spectacle permanent. Le film fait dans conteste penser à un comic-
book
pour adultes : ultra-violent (6000 amorces pyrotechniques ont été utilisées), basé sur un enchaînement de séquences qui vont de pirouettes en massacres, très stylisé (voir le générique de fin), drôle au troisième degré (au moins…), il est vite confronté à ses propres limites.

Filmé de manière frénétique, Shoot’Em Up dégage un certain charme : l’image est sombre, déchirée par les éclairs de lumière et de coups de feu, saturée de couleurs violentes et provocantes (un couloir rouge sang où gisent des silhouettes noires, des geysers d’hémoglobine…). Il n’est pas sans rappeler cette catégorie de jeux vidéo, qui justement se prénomme shoot’em up (« descendez-les), et dont le but est… vous l’aurez compris. Cascades démentes (en plein ciel, sur un tapis roulant), humour populaire (Clive Owen singe Bugs Bunny), scénario inexistant et bringuebalant, acteurs déshumanisés, le film cherche avant tout à aligner les scènes d’action (répétitives à la longue) dans un pur exercice de style, et tant pis pour la morale…

Sans scénario crédible, sans recherche psychologique, Shoot’Em Up n’a pour ainsi dire aucune valeur morale. Au contraire il a plutôt la fâcheuse tendance de ruiner de façon systématique tout morale. Seul élément positif : le rôle de chevalier servant, protégeant la veuve et l’orphelin, qu’en réalité Smith porte comme un fardeau et prend prétexte pour se venger d’une vague blessure ancrée depuis son enfance.  style="font-size: small" class="Apple-style-span">Le passif de Shoot’Em Up est lourd : une violence déchaînée et hallucinante, sans aucune barrière puisqu’elle constitue la base et la fin du film, une philosophie simpliste du type « la fin justifie tout », une obscénité de roman de gare. Le plus dérangeant est la vocation défoulatoire de ce film, comme si le visionnage de tueries et de scènes érotiques, sur un fond sonore assourdissant, constituait un passe-temps aussi légitime qu’éventuellement conseillé…

*Citations tirées des notes de production


Stéphane JOURDAIN