Si je reste

Film : Si je reste (2014)

Réalisateur : R.J. Cutler

Acteurs : Chloë Grace Moretz (Mia Hall), Mireille Enos (Kat Hall), Joshua Leonard (Denny Hall), Jamie Blackley (Adam)

Durée : 01:46:00


Apparemment obscur, le titre est en fait éloquent. Adapté du roman éponyme de Gayle Forman, Si je reste est l'histoire d'une jeune fille entre la vie et la mort, qui doit choisir de rester ou de partir définitivement. Évidemment il est peu probable que sortir du coma dépende d'une simple décision, mais admettons.

La vie de Mia semble avoir été conçue pour plaire aux adolescentes. Inséparable de sa copine Kim, interprété par une Liana Liberato (qui avait déjà brillé dans Trust) plus vraie que nature, intelligente et aimante à l'égard de sa famille, elle sent différente : passionnée par Beethoven, elle aime la musique classique. Entre une mère et un père punks, pas facile, d'autant que son petit ami est également rockeur.

Après celui de l'adolescence, vous l'aurez compris, on tient notre deuxième thème : la musique. Celle-ci est partout. Dans le violoncelle de Mia, dans la guitare d'Adam (Jamie Blackley), dans l'ancien groupe du père, dans les goûts de sa mère, dans la playlist du petit frère. Les styles sont très différents, mais le film prend plaisir à montrer une famille unie malgré tout.

Voilà notre troisième thème, la famille. La figure du père, en particulier, est jolie. Les sacrifices qu'il fait pour sa fille sont beaux et témoignent d'un authentique souci d'éducation. Ce qui est intéressant, c'est que les divergences musicales n’empêchent pas une communion dans la musique.

Concernant la relation entre Mia et Adam, tous le problème est qu'ils l'entament trop tôt et qu'ils sont, inéluctablement, rattrapés par leur jeune âge. A 17 ans, on ne devrait pas avoir à se poser la question de renoncer à des choix de carrière par amour. Même chose pour Adam.

Mais le thème sans aucun doute le plus important, c'est évidemment celui qui interroge sur le sens de la vie. Pour le traiter, il va falloir dévoiler l'intrigue, donc yeux sensibles s'abstenir…

Attention le passage suivant dévoile l'intrigue —

Apparemment heureuse dans sa vie d'adolescente, Mia va tout perdre. Son père, sa mère et son frère vont mourir dans le même accident de voiture qu'elle, son petit copain a pris ses distances, elle n'imagine pas un seul instant être prise au conservatoire où elle a postulé, bref : plus rien ne la retient…

Sur le point de passer dans l'au-delà, elle est interpellée par une musique de violoncelle et découvre plusieurs choses : d'une part son cher et tendre est revenu, d'autre part il lui a composé une chanson, et enfin elle a été prise au conservatoire. C'est donc l'amour et la musique qui la retiendront et lui donneront le sentiment que la vie vaut d’être vécue.

fin du passage qui dévoile l'intrigue —

D'un point de vue technique, le film est assez réussi. Pour représenter le coma, R.J. Cutler a choisi de dédoubler Mia (une dans le lit, et une qui parcourt l’hôpital, assistant ainsi à tout ce qui se passe autour d'elle). Choix judicieux, certainement, mais qui aurait du être assumé jusqu'au bout. Quand Mia (fantôme) touche la main du grand-père, la peau de cette dernière se plisse, mais le grand-père ne sent rien. Peut-être aurait-il été plus judicieux d'en faire un esprit authentique, comme dans Ghost, rajoutant ainsi au drame la frustration de l'impuissance.

La musique est quant à elle ajustée. Il faut aimer le rock ou le classique, puisque les deux se côtoient pendant tout le film, mais les morceaux sont pour la plupart judicieux.

Le choix de Mia est à apprécier au second degré, ce qui pourra décevoir les… bourrins. Pas d'action, pas de garçon débile qui se transforme en loup ou en vampire : juste une réflexion sur ce qui rattache l'homme à cette terre, et une pellicule gorgée d'espérance. C'est déjà pas mal !