Super 8

Film : Super 8 (2011)

Réalisateur : J.J. Abrams

Acteurs : Kyle Chandler (Jackson Lamb), Joel Courtney (Joe Lamb), Elle Fanning (Alice Dainard), Riley Griffiths (Charles Kaznyk)

Durée : 01:50:00


un film de suspens très divertissant aux multiples incohérences scénaristiques, qui aborde vaguement le thème des relations familiales.

Quand Steven fait du Spielberg, la caméra accouche dun film entre Jurassik Park (1993), Predator (1987) et E.T. (1982).


Bien sûr, on pourra utilement rétorquer qu'il n'est pas le réalisateur, mais au risque de passer pour le Schtroumpf à lunettes, à l'honneur cette semaine, je rappelle à mon très sympathique lecteur que c'est bien le producteur qui a le final cut.




Ainsi soit Super 8. Un tantinet long à démarrer, le film commence par poser le décor. Une petite ville perdue au milieu de la steppe américaine où Jo, un adolescent, accuse le coup le jour de l'enterrement de sa mère. Ce n'est déjà pas marrant, mais les ennuis ne font que commencer. « J’avais eu l’idée d’un train qui transfère des choses depuis la Zone 51, explique J.J. Abrams, cette base militaire top secrète perdue dans le Nevada qui abriterait l’épave d’un OVNI et d’autres phénomènes étranges. »


Alors qu'il tourne un film avec ses copains sur le quai d'une gare désaffectée, Jo aperçoit donc une voiture entrer en collision avec un train de marchandise de l'armée lancé à pleine vitesse. Boum ! Dans une scène d'action époustouflante, voilà nos wagons sautant dans tous les sens avant de retomber tout autour de nos héros dans un bruit de tôle déchiquetée. Héros qui, bien entendu, en sortiront indemnes (Super 8 aurait pu s'appeler Super ange-gardien !). Le conducteur de la voiture - promettez-moi de ne pas sourire - est encore vivant. Le spectateur espère avoir un jour une explication de cette exceptionnelle résistance. Moi, j'attends encore...


On ne révélera pas grand chose en racontant qu'un des wagons transportait une terrible créature qui prend les parois blindées pour des murs en carton-pâte, croque les gens comme des smarties, et ne va faire rien que d'embêter les militaires qui veulent le récupérer. Il va même, le coquin, enlever la "presque" petite amie de Jo. Que ne ferait-on pas pour une "presque" petite amie !? Jo se précipite dans l'antre du diable pour tenter de la sauver de ce monstre qui, au fond, est un pauvre être désemparé, pressé de retrouver le canapé de sa maison des étoiles.


Autour de ce scénario principal sont tressées quelques petites historiettes fort divertissantes.


D'abord le film de morts-vivants que tentent de faire les adolescents, dont le spectateur pourra se délecter pendant le générique. Le jeune garçon qui pilote le projet est attachant, tout obnubilé par ce concours auquel il souhaite inscrire son oeuvre. A en croire Steven Spielberg, cette histoire parallèle n'est pas si anecdotique : « Nous avons commencé à parler des films que nous aimerions voir et de ceux que nous pourrions faire ensemble un jour et la conversation s’est immédiatement orientée vers notre passion commune : les films en
super 8. Nous avons pensé que ce serait formidable de faire un film sur des adolescents à qui il arrive une aventure alors qu’ils font un film en super 8. »




Ensuite une petite bluette affectueuse (évitons le mot « amour, » pour ne pas pouffer de rire) bien pudique entre Jo et Alice, quelque peu parasitée par la responsabilité du père d'Alice dans la mort de la mère du garçon. Les deux pères ne s'aimant pas, cette romance prend rapidement des allures de
Roméo et Juliette...


Enfin la relation entre Jo et Jackson, son père, beaucoup plus survolée dans le film que dans le dossier de presse : « Sa femme est morte, explique Kyle Chandler, et maintenant il doit s’occuper de son fils qu’il ne comprend pas toujours très bien. Il cherche à protéger Joe autant qu’il le peut mais il voit aussi qu’il est en train de grandir et qu’il vit ses propres aventures avec ses amis – qu’il le veuille ou non. »




Le film étant avant tout un film de suspens, on retrouve tous les codes du genre : longs plans rapprochés, lumière stroboscopique, lourds silences ponctués de scènes très brutales, discussions qui s'éternisent au moment où l'attitude la plus raisonnable est de courir le plus vite possible... A cela on peut ajouter les petits plus de la production Spielberg : confinement dans des véhicules dont on ne peut sortir qu'en risquant de se faire courser par un monstre, bruits de dinosaures (dont la bête doit être une proche cousine), crissement de tôle froissée, décors apocalyptiques, briquet qui peine à s'allumer au moment où on en a le
plus besoin, extra-terrestre hideux , etc...


Reste à expliquer pourquoi J.J. Abrams s'entête à créer des flares (traces de lumière bleutée qui apparaissent sur l'image à cause des contre-jours) inappropriés. Sitôt qu'on y fait attention, cette multiplication totalement artificielle devient rapidement insupportable.




Il en ressort un film d'action extrêmement efficace qui fait passer un moment bien divertissant, pourvu qu'on ne réfléchisse surtout pas à la cohérence scénaristique.