Treize à la douzaine

Film : Treize à la douzaine (2003)

Réalisateur : Shaw LEVY

Acteurs : Steve Martin (Tom Baker), Bonnie Hunt (Kate), Tom Welling (Charlie), Hilary Duff (Lorraine), Piper Perabo (Nora), Kevin G. Schmidt (Kevin), Alyson Stoner (Sarah), Jacob Smith (Jake), Liliana Mumy (...

Durée : 01:39:00


Shaw LEVY parvient parfaitement à rendre l’effet que peut produire une famille de douze enfants dans une maison et plus particulièrement dans une cuisine ! La caméra semble partout à la fois, il y a toujours un galopin dans un coin de l’immense maison. Les travelling avant (quand une bêtise est en cours) et les contre-champ (quand le père s’aperçoit de la bêtise et se prépare à crier) sont autant de moyens de représenter la vie qui anime cette famille. A ces jeux de cadre s’ajoute la bande sonore qui intensifie les disputes et rythme les courses poursuite ; un peu trop présente d’ailleurs (à la manière des séries américaines) elle finit par assommer le spectateur déjà énervé par la surexcitation générale. Malgré quelques gros gags faciles l’ensemble est assez drôle et certaines répliques ou certaines frimousses sont vraiment irrésistibles. Le jeu d’acteur est excellent, Tom WELLING et Hilary DUFF jouent les grands adolescents mal dans leur peau ; Alyson STONER est la petite espiègle, chef de bande ; Blake WOODRUFF est le timide à lunettes… Le film a été réalisé à partir de l’œuvre du même titre de Emestine et Frank GILBRETH, et s’il en a gardé l’idée générale, il a perdu ce qui faisait le charme du livre : les inventions burlesques et ingénieuses de toute la famille pour gérer un quotidien si différent des autres familles ! il est aussi très regrettable que les enfants soient nés par "accident", comme imposés bon gré mal gré à des parents gentils mais débordés. Et même une vasectomie n'empêchera pas l'arrivée du petit dernier ! Le livre et le film des années 50 présentent un meilleur esprit de ce point de vue : les enfants sont voulus et assumés.

Shaw LEVY a voulu faire le portrait d’une famille nombreuse au moyen d’une comédie, mais fort heureusement le film ne se contente pas de rire des bêtises et des bouderies des uns et des autres, ce qui n’aurait pas manqué de transformer cette famille en gigantesque dépotoir bruyant ! Au-delà du désordre et de l’animation de cette maison, Shaw LEVY soulève (discrètement) le vieux débat : enfant unique ou famille nombreuse ? La voisine des Baker les juge « irresponsables » d’avoir autant d’enfants qui forcément « finiront mal », tandis qu’elle-même se vante de n’avoir « qu’un enfant unique et parfait ». Or son enfant unique n’a jamais autant ri avant d’être ami avec les voisins. Visiblement le réalisateur considère la famille nombreuse comme un facteur de bonheur, même si le portrait bruyant et épuisant qu'il en fait ne donne pas du tout envie d'en avoir ! Le débat retombe donc sur le qualificatif « irresponsables » : Des parents peuvent-ils assumer douze enfants, physiquement, financièrement et affectivement ? Pour ce qui est des deux premiers points, les Baker s’en sortent moins bien que dans le livre et le film original : en plus des problèmes d'argent les parents sont constamment débordés et épuisés par des petits monstres qui ne respectent rien ! Sur le plan affectif, Shaw LEVY montre que tout n’est pas si simple et que, même si on s’amuse bien et qu’on est toujours occupé dans une famille nombreuse, un enfant peut quand même s’y sentir seul et rejeté. Ce film foisonne de bons sentiments et l’amour des parents se multiplie de façon à ce que chacun « ait sa place » à la maison. Dommage que la mère de famille se sente si mal dans sa peau de mère au foyer et le reproche à son mari ! Encore une fois ça ne donne pas envie de quitter sa carrière pour s'occuper des enfants !


Anne d'ANDRE