Treize a la douzaine

Film : Treize a la douzaine (1950)

Réalisateur : Walter Lang

Acteurs : Clifton Webb (Frank Bunker Gilbreth), Jeanne Crain (Ann Gilbreth), Myrna Loy (Mrs. Lilian Gilbreth), Betty Lynn (Libby Lancaster)

Durée : 01:25:00


Ce film raconte l'histoire d'une famille certes très nombreuse, mais surtout très unie et joyeuse. Monsieur Gilberth, ingénieur spécialisé dans la gestion du temps, et sa femme Lilian qui le soutient et admire ses travaux, ont organisé leur maisonnée et éduqué leurs enfants de façon à ce que tout soit bien huilé comme une belle mécanique.

Bien sûr, rien que sur cette phrase d'aucun pourrait objecter que Lilian est une bonniche sans personnalité qui n'existe dans la société que par procuration et mouche des gosses à longueur de journée. D'autres diront que ce n'est plus une famille mais un régiment, et qu'on ne peut s'occuper en profondeur d'autant d'enfants...

Mais le film de Walter Lang est bien éloigné de ces caricatures, contrairement au pâle remake sorti en 2003 avec Steve Martin, qui montre une vision de la famille nombreuse et de la mère au foyer accablante. Rien de tel ici, la mère est bien dans sa peau et ne songe pas un instant à reprocher à son mari ni les accouchements douloureux, ni le travail quotidien. Il n'y a pas le pesant et pénible complexe de la femme qui aurait pu faire carrière mais qui a sacrifié sa vie sociale pour élever des enfants ! Lilian a une vie sociale épanouie, elle participe aussi aux travaux de son mari, se passionne avec lui, à tel point qu'elle deviendra à son tour femme d'affaires. Elle est douce, patiente, conciliante...

Ces douze enfants, et c'est une différence essentielle avec le remake, Lilian et Frank les ont voulus. Ils ne sont pas gagnés par sa froide et méthodique planification des naissances, puisque la pilule contraceptive n'était pas encore commercialisée, et il n'y a pas eu d'accidents ou de vasectomie ratée (comme dans son homonyme américain)... Juste la volonté depuis leur fiançailles d'avoir 6 garçons et 6 filles. À la naissance du dernier ils sont même émus et tristes en pensant que le compte y est et que ce sera bientôt fini.

Bref, enfin une famille nombreuse assumée ! Et ils peuvent être fiers car leurs déplacements familiaux ne sont pas les invasions d'un troupeau d'éléphants qui casse tout et ne respecte personne. Les enfants sont très bien élevés, discrets et serviables.

Bien sûr il faut être organisé pour vivre à 14 dans une maison et faire les courses à la douzaine. Le film nous montre alors les petites astuces et les idées ingénieuses et pédagogues qui permettent aux parents de tout gérer. Un régiment ? Oui, si on considère que les enfants répondent au sifflement de leur père et doivent descendre l'escalier en 14 secondes pour se mettre en rang, ce dont ils sont très fiers et qu'ils font comme un jeu. Pour le reste, discipline ne veut pas dire armée, les enfants sont libres de parler, chacun a sa place dans la fratrie, et quand l’aînée de 17 ans fait sa crise d'ado elle rencontre des parents attentifs et avisés. L'image du père est magnifique : il est ferme bien sûr mais proche de ses enfants et doué d'une faculté d'adaptation qui permet des scènes très drôles !

Un vrai régal à savourer en famille !