Truman

Film : Truman (2015)

Réalisateur : Cesc Gay

Acteurs : Ricardo Darín (Julián), Javier Cámara (Tomás), Dolores Fonzi (Paula), Eduard Fernández (Luis)

Durée : 01:48:00


TRUMAN - Cesc Gay [ESP] – 2016

Jean-Baptiste du Potet pour L’Ecran.fr, 08 juillet 2016

 

Julian va mourir d’un cancer, et son vieil ami Tomas vient lui rendre visite par surprise depuis le Canada pour le réconforter. Le cinéma espagnol a le secret de sortir à petite dose des films originaux et inspirés. Truman est de ceux-là. L’histoire de Cesc Gay aborde sans complexe et même avec une fine pointe d’humour le thème difficile de la mort. S’appuyant sur son expérience personnelle – le décès de sa mère – le réalisateur sonde pour nous avec beaucoup de justesse l’appréhension que peut susciter cet événement inévitable.

Au lieu de choisir les voies très à la mode de la déprime, de la souffrance égoïste, de l’athéisme inébranlable ou du nihilisme inconditionnel face à la mort, Truman emprunte le chemin de l’amitié sincère, éprouvée et valorisante. Une amitié d’allure inégale mais complice, dictée par un questionnement quasi socratique : « Merci Tomas, pour tout le bien que tu m’apportes ! Mais moi, en quoi mon amitié est-elle valorisante pour toi ? Qu’est-ce que je t’apporte ? – Rien, mon cher Julian ! En fait si, ton courage ! Je n’ai pas besoin que tu m’apportes quelque chose ».

La mort sous les traits d’une amie

Le comportement des acteurs est souvent très réaliste à l’approche des événements successifs menant Julian à un probable décès, notamment leur rapport à l’émotion : elle est si forte qu’ils ne parviennent pas à l’exprimer. Ils se réfugient alors dans de lourds silences, des mots banals trahissant difficilement une résistance à l’épreuve, ou bien à l’opposé, des mouvements compulsifs exprimant la douleur de ne pouvoir prononcer les mots qui comptent dans les situations importantes. Truman valorise le sens de la parole donnée et ses effets libérateurs.

Quelques ombres de déception sont à prévoir au niveau scénaristique sur le rôle du chien Truman, attaché à son maître, qui n’occupe cependant pas la centralité que semble lui conférer le titre. La fin effilochée trahit quelques longueurs et le refus de mettre un point final au voyage de la vie qui prend et reprend ses droits. Le message envoyé est malheureusement intraduisible. Effet programmé, ou ratage incontrôlé, le finish nous laisse penser que ce Truman capote ! (juste un peu)