Truth : Le Prix de la Vérité

Film : Truth : Le Prix de la Vérité (2015)

Réalisateur : James Vanderbilt

Acteurs : Cate Blanchett (Mary Mapes), Robert Redford (Dan Rather), Dennis Quaid (Le lieutenant-colonel Roger Charles), Topher Grace (Mike Smith)

Durée : 02:06:00


Erreur de distribution pour le film Truth qui aurait mieux fait de sortir il y a dix ans et rien qu’aux Etats-Unis, pour nous épargner l’histoire fort ennuyeuse d’une journaliste qui a cru tenir un sujet n’aboutissant finalement à rien. Il s’agit d’une « information » faisant état de la désertion de Georges W. Bush durant la guerre du Vietnam. « Bombe informationnelle » outre-Atlantique puis pétard mouillé, cette affaire n’empêchera pas la réélection de Bush en 2004, face au démocrate John Kerry.

L’intérêt réel de sortir un tel film en France en 2016 ? On se le demande. Autant présenter à Hollywood un film sur l’échec de Ségolène Royal en 2007… Son seul mérite est de porter un blâme à la désertion, là où M. Hollande aurait diligenté hommages solennels et décorations, comme il l’a fait pour les déserteurs français de la Grande Guerre.

Une recherche pas très désintéressée de la vérité

Truth cherche à se poser en référence dans le rayon des films sur le journalisme d’investigation. Mais on est bien loin de l’enquête époustouflante qui conduisit déjà Robert Redford et Dustin Hoffmann sur la trace du président Nixon, dans le film référence d’Alan Pakula, Les hommes du président (1976). Redford semble diminué. S’il garde toute sa crédibilité, il ne parvient cependant pas à donner au film l’impulsivité nécessaire due à l’enjeu. Au lieu de ça, beaucoup de pantouflage au programme. A aucun moment on ne sent les journalistes, enquêtant sur le président, être inquiétés par la puissance de leur adversaire.

Car il s’agit bien d’un adversaire politique, en tant que représentant du parti conservateur. Et c’est là tout le paradoxe de ce film, s’affichant tel un plaidoyer pour la liberté d’expression. Le parti pris idéologique en faveur de la gauche progressiste américaine empêche le réalisateur James Vanderbilt de rester neutre et de promouvoir ainsi la cause de la profession. Lorsqu’il met en scène le procès de la journaliste, c’est pour renvoyer dos-à-dos diffamateurs de gauche et magistrats corrompus de droite. L’une veut coûte que coûte le scalp du président sans la certitude de ses preuves. Les autres veulent de toute façon la dézinguer juridiquement. Morale de l’histoire : le film parle de tout sauf de son sujet… la vérité ! Et l’on ne sait toujours pas si Georges mettait la balle au trou pendant que ses petits camarades embouchaient les balles. Après, ça nous empêche pas de dormir !