Un amour d'hiver

Film : Un amour d'hiver (2014)

Réalisateur : Akiva Goldsman

Acteurs : Colin Farrell (Peter Lake), Jessica Brown Findlay (Beverly Penn), Russell Crowe (Pearly Soames), Matt Bomer (Le père de Peter)

Durée : 01:58:00


Un Amour d’Hiver…. le titre faisait sentir une légère pointe de sentimentalisme ; la bande-annonce plaçait le film dans le drame dur et littéraire.

Pour l’ambiance, pour les personnages typés (gentil voleur, princesse, méchant), et pour la petite mythologie du film, cela ressemble fort à un Walt Disney. En le prenant sous cet aspect, en acceptant donc le côté fantastique, les beaux sentiments démarrés en dix secondes, on peut apprécier une aventure riche en rebondissements, en décors, costumes, et … et voilà. Positivons un peu, après tout, on voit la force de l’amour plus fort que la haine, le sacrifice, le courage,… bref, Bien versus Mal.

En revanche, si on a laissé son esprit d’enfant de côté en rentrant dans la salle, on devient fou. Et encore, esprit d’enfant, on verra pourquoi ça risque de ne même pas suffire.

L’histoire ressemble à un bouquin de Guillaume Musso, vous savez, ces trente-six histoires où untel revit le passé, retourne à la vie un jour avant sa mort pour refaire cette cruciale journée, ces questionnements de destinées de romans de gare, jetables et recyclables, que Marc Lévy aime aussi vendre comme des petits pains ou des mouchoirs. Ce genre de mécanismes narratifs est ici croisé avec une atmosphère XIXe siècle pour faire plus joli.

Vous trouverez donc des personnages qui vivent deux cents ans parfois, parce qu’ils n’ont pas encore rempli leur mission sur terre, et ne peuvent donc pas mourir pour se transformer en étoile – mince alors – tandis qu’anges et démons, sous forme de Crin-blanc et méchants- très- méchants (Lucifer lui-même !), servent de moyen de transport pour les premiers et de … méchants, puisqu’il en faut, pour les seconds. Bon ! que ce monde un peu merveilleux soit manichéen, qu’on nous sorte de grandes théories sur la providence qui serait le fruit de l’intelligence de « l’univers », pourquoi pas, après tout, ce sont les caractéristiques habituelles d’un conte.

En revanche, il y a une façon de le traiter. Nous avons ici ce qui se fait de plus mielleux et adolescent depuis pas mal de temps.

La métaphore du voleur au grand cœur, qui vole justement celui de mademoiselle, vous y aviez pensé ? Eux aussi, malheureusement. Les raisons de chacun d’agir, la mèche de Colin jusqu’à la bouche, Colin, encore lui, brigand un jour et gendre idéal le lendemain, l’héroïne sans défaut qui joue du Brahms (comme un pompier), les répliques pseudo-poétiques qui semblent être sorties d’une « machine à phrase » … Je m’explique, en trichant un tout petit peu, car celle-ci n’est pas du film, mais est franchement représentative de ce qu’on y croise :

« Le soleil d’or saignait sur la lande brumeuse, parant d’un voile de lumière les cieux bleutées et les prairies verdoyantes ». Machine à phrases, tirez le levier ! Bing bing bing bing bing, et voilà !

« Parant d’un voile d’or les prairies bleutées, la lande verdoyante saignait un soleil brumeux sur les prairies », ou encore, après avoir inséré « 1 coin » : « Un rayon de blancheur lactescente vint tout à coup fendre la prairie enflammée d’un sang d’or, voilant le soupir brumeux de l’aube endolorie ! »

On se pâme. On connaît la chanson, « Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour ».

Ici, avec autant de niaiserie, de petit lait et de sentiments princiers (à mèche brune) sauvant la belle cruche, on en vient à espérer la mort, par amour ou par accident, peu importe, des héros eux-mêmes : qu’ils meurent d’amour, vite !

Du Nouveau Monde à cet Amour d’Hiver, l’inexorable chute d’un grand acteur, de la gloire au cauchemar, Colin Farell, repose en paix. Russel Crowe et Jennifer Connelly nous rappelleront peut-être dans Noé qu’ils formaient un couple superbe dans Un Homme d’Exception, quant à Jessica Bromn Findlay, on lui rendra service en pensant à Dowton Abbey en prononçant son nom, et pas à ce film-là.

Ni enfantin (violence et fesses), ni adulte (vous avez dû le comprendre), ce film ne s’adresse à personne. Si, on peut le qualifier d’ « adolescent ». Mister Mèche et Lady Je-fais-des-percussions-sur-un-piano, galopant sur Pégase, rendront folle l’ado en manque d’histoires et de rêves sucrayeux et pralineux, si je puis dire. Un bon divertissement pour se moquer des incohérences et des phrasages à répétition entre amis.