Un Scarface en peau de lapin

Film : Shéhérazade (2018)

Réalisateur : Jean-Bernard Marlin

Acteurs : Dylan Robert (Zach), Kenza Fortas (Shéhérazade), Idir Azougli (), Lisa Amedjout (), Sofia Bent (), Nabila Bounab (), Kader Benchoudar (), Nabila Ait Amer ()

Durée : 1h 46m


Symphonie victimaire sur les frasques d'un mineur spécialisé dans le vol et terminant "inconsciemment" dans le proxénétisme, Shéhérazade plante sa caméra dans le décor peu réjouissant de la Porte de la Chapelle, quartier mal famé du nord de Paris. Bien vite sorti de tout système social, notre héros de 17 ans, Zacharie, se prend un peu pour le Scarface des ados. Abandonné par sa mère, il tente de se faire une place dans le milieu de la criminalité. Il y parvient en se liant d'amitié à une très jeune prostituée, et l'histoire se cristallise alors autour de leur désir commun de survie. 

En traitant de la prostitution dans les quartiers nord parisiens, le film de Jean-Bernard Marlin entrouvre un couvercle que seul Taken (Pierre Morel, 2008) avait eu le courage de soulever dix ans plus tôt, décrivant la vie de cette banlieue avec le regard cru d'un roman noir. Les étincelles de la Ville Lumière s'éteignent bien vite devant ce portrait d'une jeunesse sans repère, en proie à la drogue, aux rapports de force constants, à un islam violent, et sachant à peine parler le français. Malheureusement le film ne cherche pas à dépasser cette réalité et à regarder vers un horizon meilleur. Il se contente de dresser un constat sur les dégâts de cette criminalité adolescente en cherchant à la justifier par le contexte social et le côté "blagueur" de Zacharie.

Tourné comme un film new-yorkais des années 1970, Shéhérazade ausculte la violence des quartiers avec un certain réalisme, mais il n'en retire aucune leçon, sinon celle d'un néo-romantisme grégaire banalisant l'acte criminel pour des raisons de sentimentalisme. Le plat est cru. Et vous n'avez pas d'autre choix que de le manger comme tel.