Une folle envie

Film : Une folle envie (2010)

Réalisateur : Bernard Jeanjean

Acteurs : Clovis Cornillac (Yann), Olivia Bonamy (Rose), Marianne Denicourt (Lili), Francois Vincentelli (Franck)... .

Durée : 01:20:00


Une comédie mal équilibrée qui traite de la stérilité dans les couples.


Une folle envie est une petite comédie.

size="2">Petite par la taille d'abord, puisqu'il est rare de voir des films qui n'excèdent pas 1h20, petite par le rire qu'elle suscite, assez timide à en croire les réactions de la salle...

Peut-être est-ce dû au scénario d'une linéarité absolue ponctué de quelques gags parfois drôles mais souvent essoufflés, presque toujours graveleux ? Est-ce parce que le film tente de battre le record du nombre d'actes sexuels montrés en le moins de temps possible ? Est-ce parce que le thème est traité de façon trop dramatique pour que la comédie s'épanouisse ?

Bernard Jeanjean, qui a vécu
personnellement ce problème avec Martine Fontaine, sa compagne et scénariste, savait pourtant à quoi s'attendre : « Il y avait un vrai challenge à réussir à partir d’une souffrance pour imaginer une comédie qui soit à la fois légère et émouvante. » (Dossier de presse).


Effectivement, les gags auraient utilement profité d'un comique de situation trop absent, car le thème est grave. L'impossibilité d'avoir des enfants touche un nombre très important de couples en France, qui connaissent les déboires des médecins, les interminables procédures d'
adoption, les soirées solitaires au coin de la télévision. Et il faut dire que le film reflète bien toutes ces angoisses, grâce à sa caméra parfois beaucoup trop intrusive. Clovis Cornillac et Olivia Bonamy jouent un couple attachant, et traversent un certain nombre d'épreuves qui marquent la frontière entre les couples qui s'aiment et ceux qui s'apprécient. Alors que les premiers considèrent que l'amour implique d'affronter la dureté de la vie main dans la main, les seconds fuiront la difficulté, et donc leur partenaire, pour voler vers des cieux qu'ils rêvent sans nuages. « Dans notre histoire, les deux protagonistes se remettent en question en tant que couple en permanence: à chaque fois qu’ils se redéfinissent comme couple, l’intrigue progresse. » (Bernard Jeanjean) Ainsi Yann et Rose devront-ils s'interroger sur la pérennité de leur couple, puis résister aux tentations de l'adultère puis de l'échangisme, s'essayer à de multiples techniques médicales assez douteuses, etc.
font>

Leur situation est également envisagée dans un cadre plus large : celui de la famille. Celle de Rose est trop « maternelle », voulue fusionnelle par le cinéaste. Les parents sont inquiets et parlent souvent de cette absence de petits-enfants, ce qui exaspère les deux tourtereaux. Mais la façon dont ces derniers traitent la joie de leurs proches quand ceux-ci les félicitent d'avoir réussi est injuste et blessante. Quant à la famille de Yann, c'est l'extrême inverse : sa famille est totalement distante, ce qui est là encore montré comme un problème.

Enfin on ne saurait échapper à un message
plutôt sain qui est de faire prendre conscience aux couples fertiles de la chance qu'ils ont d'avoir un enfant. En témoigne cette tirade d'une femme en pleurs fort utile dans une société qui confond les priorités : « A cause du boulot, j'repoussais tout le temps. J'suis trop vieille maintenant ! »


Raphaël Jodeau