Une merveilleuse histoire du temps

Film : Une merveilleuse histoire du temps (2014)

Réalisateur : James Marsh

Acteurs : Eddie Redmayne (Stephen Hawking), Felicity Jones (Jane Hawking), Tom Prior (Robert Hawking), Harry Lloyd (Brian)

Durée : 02:03:00



En 1963, Stephen Hawking (Eddie Redmayne, Oscar 2015), alors jeune étudiant en recherche d’un sujet de thèse, rencontre Jane Wilde (Felicity Jones), étudiante en lettres, qui deviendra plus tard son épouse. Quelques mois après, alors qu’il travaille sur sa thèse (une étude physique du temps) il apprend qu’il souffre d’une maladie neurologique très grave qui ne lui laisse que deux ans à vivre. Porté par l’amour de Jane, et par son entrain à résoudre la grande énigme de l’univers, il se battra pendant des années contre la maladie.

En se plaçant toujours – intentionnellement ou non – à la limite du naïf (pour ne pas dire cucul) le film loue le courage de l’époux, et la patience de l’épouse – dont le scénario est d’ailleurs une adaptation de l’autobiographie (fort heureusement car il serait difficile d’accepter qu’une telle leçon de courage et d’amour ne soit qu’une fiction). Mais il faut avouer que le scénario présente quelques défauts, comme par exemple la facilité qu’ont les conflits à se résoudre : en quelques lignes de dialogue et une ellipse, on peut faire changer d’avis n’importe quel personnage… Le jeu d’acteur par contre est très bon, sans être excellent… les personnages ont chacun une vraie personnalité et les moments cles du film sont interprétés avec justesse et sensibilité par le couple principal. La musique et la réalisation par contre sont assez plates… Mais le biopic n’est pas toujours l’occasion d’une grande virtuosité dans ces domaines. On notera quand même quelques bonnes idées de James Marsh – réalisateur – notamment pour les scènes du bal de fin d’année et les fulgurances intellectuelles de Hawking.

Mais ce film, tout perfectible qu’il soit, véhicule une certaine idée du couple (de l’amour) et de la maladie (du handicap) qui est trop rare dans la pensée commune pour que l’on se prive d’en profiter. Le personnage de Stephen Hawking, physicien de renom, est caractérisé par sa recherche de sens dans l’univers. Il ne veut pas seulement expliquer des phénomènes, il veut que le tout ait un sens cohérent. Il cherche une équation qui puisse régir toute la physique – la fameuse Theory of everything qu’évoque le titre original. Aussi, au contact de sa femme, croyante, il va petit à petit concevoir que l’existence de Dieu ne soit pas en soi un obstacle à la conception scientifique qu’on a du monde
Par ailleurs, le handicap de Hawking, prend une place centrale dans son travail. C’est une manière pour lui d’éviter le piège de l’orgueil du scientifique. Il est passionné par son travail, certes, mais il garde en mémoire qu’il n’observe le monde qu’avec des yeux d’homme. Après tout, il faut remarquer la singularité de ce biopic racontant l’histoire d’un homme à la renommée internationale, mais se concentrant sur sa vie de couple. Car la question que pose le film, appuyée par la dernière scène, est bien celle du miracle de cette relation, certes usée par le temps et les hommes, mais qui est bien née d’un abandon total des deux parties l’une à l’autre.

La Merveilleuse histoire du temps qu’évoque avec beaucoup de justesse le titre français, est donc non seulement la thèse de physique de Stephen Hawking, mais aussi le miracle de ce que le temps lui a offert : l’occasion d’accepter son handicap, et la bénédiction d’un mariage solide et fructifiant malgré la maladie ; et ce grâce à sa femme, et à la force qu’elle a sûrement dû trouver dans sa foi.