Une Rencontre

Film : Une Rencontre (2013)

Réalisateur : Lisa Azuelos

Acteurs : Sophie Marceau (Elsa), François Cluzet (Pierre), Lisa Azuelos (Anne), Alexandre Astier (Eric)

Durée : 01:21:00


Lisa Azuelos revient pour son quatrième long métrage après Lol et Lol USA entre autres ... Son ambition ne change pas : « réveiller les cœurs des gens [...] les renvoyer à leurs propres histoires… » (cf. dossier de presse). De ce point de vue, il faut lui reconnaître le talent de savoir montrer des scènes quotidiennes et même avec humour et fraîcheur. En effet beaucoup de gens, de couples, pourront se retrouver dans les personnages de Pierre et Anne. La plupart des scènes familiales sont touchantes par leur simplicité, leur sincérité … Ce qui n'était pas gagné d'avance étant donné qu'Anne, la femme de Pierre, n'est autre que le premier rôle de la réalisatrice elle-même !

C'est d'ailleurs également le premier rôle romantique de François Cluzet, donc beaucoup de révélations et de challenges dans ce film. Ce dernier reste fidèle à lui-même, un très bon acteur, avec un petit bémol pour la quantité de sourires niais qu'il nous sert ! Vous savez, ce petit sourire qui cherche à exprimer à la fois libération, épanouissement et adultère décomplexé ! Pitié !

Sophie Marceau (Elsa) est quant à elle au sommet de sa forme, elle se bonifie probablement avec l'âge … Elle n'arrive cependant pas à effacer sur son visage les traits d'une dépression latente, même dans les scènes les plus volages, les plus « fraîches ». Son rôle manque aussi de crédibilité, elle le joue probablement bien, mais la réalisatrice, en cherchant à donner à ce personnage l’exclusivité de l'extravagance, est tombée dans le cliché : la grande gamine de 50 balais, qui sait soit disant être sérieuse quand il faut, qui a de profondes réflexions métaphysiques sur la vie, mais qui quand même sait bien rigoler ! Encore une fois, pitié !!

Tout ce beau monde évolue à travers le prisme d'une réalisation très soignée. Les transitions sont très bien faites, jumelées avec un bon dosage de frivole, d'émotion et même de suspens ; le film s'écoule comme le ruisseau dans son lit, bercé par une musique agréable puisant dans les grands classiques. Encore un bon point pour Lisa Azuelos.

Pour ce qui est « de réveiller les cœurs des gens » … reste à savoir dans quel sens ?

ATTENTION ! LA SUITE RÉVÈLE LE DÉNOUEMENT DE L'INTRIGUE

Le principal sujet du film ne réside pas dans l'adultère, bien que le thème soit très présent, mais dans « l'éternité qui découle des vraies rencontres » (cf dossier de presse) … un peu vague non ? Un sujet truffé de contradictions.

La réalisatrice ne veut pas poser de jugement moral. Le film devait se titrer : Des gens biens, et elle l'a modifié pour respecter son « éthique » … Pourtant elle pose un jugement malgré elle : elle veut nous montrer une belle histoire d'amour dans laquelle les gens peuvent se comporter n'importe comment sans jamais franchir la ligne de non retour. Ici, cette ligne c'est l'adultère, au sens légal du terme, incluant le rapport sexuel. Du coup la culpabilité est balayée d'un revers de la main : car ils ne franchissent jamais physiquement le cap.

Sophie Marceau nous explique : « Je me suis dit que si ça se trouve, l’histoire entre Elsa et Pierre n’était belle et grande que parce qu’elle n’a duré qu’une seconde. Chacun de nous a sans doute pu éprouver ça, ces secondes à part, qui sont importantes, douces, libératoires. Mais qui ont avantage à rester de l’ordre de la fiction... » (cf dossier de presse).

Un peu facile non ? D'autant qu'elle rajoute un peu plus loin « Ça peut être aussi fort que la réalité, un fantasme » … Il n'y a pas de malaise ?

La réalisatrice, elle, nous explique : « C’est une histoire dans laquelle tout le monde a raison… et a ses raisons » Mais est-il juste de dire que Pierre a raison de flirter avec Elsa ? Qu'ils ont raison de s'imaginer avec délectation dans de torrides scènes d'amour sans aucun complexe ?

Le vice de ce film réside en ceci : pas de mal sans passage à l'acte … Mais le flirt, les baisers, les caresses et même les pensées (volontaires) sont des passages à l'acte, sont l'expression de leur volonté, sont autant de trahisons envers le conjoint. Qui ira nous faire croire le contraire ?

Alors certes, Pierre finit par renoncer à Elsa, bravo ! Mais au nom de quoi ? Au nom de leur amour éternel ! Le film nous dit : pour qu'une histoire soit éternelle il ne faut pas qu'elle commence…

Pas d'histoire car pas d'adultère, et donc un amour éternel basé sur le fantasme et l'infidélité est né. Voilà le message du film.

Moi, voir un homme marié bécoter une autre femme que la sienne dans une boite de nuit puis s'imaginer pire encore, je ne trouve pas ça beau, romantique oui, mais ça me débecte.

À bas le romantisme, on veut de la romance !