The Voices

Film : The Voices (2014)

Réalisateur : Marjane Satrapi

Acteurs : Ryan Reynolds (Jerry Hickfang), Gemma Arterton (Fiona), Anna Kendrick (Lisa), Jacki Weaver (Dr. Warren)

Durée : 01:43:00


Vous ne regarderez plus votre chat de la même manière, après ce film au scénario efficace qui jongle avec les frontières de l'onirisme.

Schizophrène, Jerry évolue en effet dans un univers dual, selon qu'il prend ou non ses médicaments. En bon psychopathe qu'il est, ses actes barbares ne le gênent pas le moins du monde, puisqu'ils sont tous motivés par des pulsions teintées de justifications puériles (du genre je dois couper une autre tête pour que la première ne soit pas toute seule dans le frigo).

Très objectivement, il est impossible de dire du mal de ce film, puisque la belle Gemma Arterton joue dedans. On se contentera donc d'en dire que la frontière entre le drame et la comédie ayant à peine la taille d'un cheveu, le film rate son objectif en donnant l'impression au spectateur qu'il doit rire pour le principe, mais sans grande conviction. Les ressors comiques ne sont pas suffisamment puissants pour contre-balancer l'horreur des coups de poignards, des égorgements, et autres joyeusetés du genre.

Le chat et le chien de Jerry symbolisent bien évidemment sa conscience, et le rôle du démon est tout naturellement dévolu au représentant de la race féline, grossier, désinhibé et criminel. Le film étant techniquement très bien fait, on rigole d'abord de voir cette mignonne boule de poils dire des horreurs, mais cet effet comique ne saurait durer sans lasser, d'autant que la très iranienne et communiste Marjane Satrapi semble préoccupée par des questions aussi existentielles que les réponses qu'elle leur donne sont bébêtes : « si Dieu existe, si je suis mauvais, Il le sait. Donc il est d’accord avec ça. C’est une question que toute personne sensée doit se poser. Je ne crois pas à la notion de morale. Je préfère croire à l’éthique. Quand je fais quelque chose de mal, je le sais – même si ça ne m’empêche pas de le faire... Je n’ai pas besoin qu’on impose des repères pour le savoir. M. Moustache et Bosco, c’est bien sûr l’ange et le diablotin. Mais c’était évidemment le diablotin qui m’intéressait le plus, parce qu’on ne peut pas ne pas être d’accord avec lui; ce qu’il dit n’est pas si à côté de la plaque que ça. »

Bin dans le monde des gens qui réfléchissent, on appelle ça la liberté, ma petite Marjie. Un truc qui doit échapper autant en Iran que les dictateurs rouges, mais qui explique que Dieu te laisse faire n'importe quoi.

Bref, notre chère réalisatrice commet donc un film sans réelle saveur, tant il est vrai qu'une bonne idée ne suffit à faire un bon scénario.