On voulait tout casser est l’archétype du film produit par une télé (TF1 et Canal+ en l’occurrence) et pour un public de télé. C’est donc un téléfilm qui s’est égaré sur le grand écran. Comment reconnaître le syndrome télé ? Vous prenez deux acteurs jugés bankable (Kad Merad, Benoît Magimel), vous y ajoutez un transfuge de la télé (Vincent Moscato, commentateur sportif, ancien rugbyman), vous leur donnez des prénoms majoritairement ridicules (Kiki, Boulou, Tony et Gérôme), et vous les associez chacun à une BCBG du XVIème. Vous les réunissez en disant que c’est une bande de potes franchouillards. Vous insinuez que chacun a couché avec tout le monde. Vous tissez des dialogues communs et aseptisés ponctuées de plaisanteries salasses. Vous assaisonnez la non-histoire de références culturelles américaines et de placements de marques (voiture, ici). Vous tournez dans des décors tout confort, sans jamais mentionner le nom des villes ou villages où se produit l’action. Vous plagiez le scénario d’un « pote » (étranges ressemblances avec Les petits mouchoirs, de Guillaume Canet, 2010). Et enfin vous essayez d’émouvoir le public, parce que l’un des potes, Kiki, a le cancer, et s’en va faire faire le tour du monde avec son bateau de 9 mètres pour réaliser son dernier rêve.
La mayonnaise ne prend pas. La bande à Kiki n’est pas crédible, contrairement à celle de Lellouche. Non seulement le réalisateur Philippe Guillard n’a pas trouvé le moindre motif pour illustrer deux thèmes majeurs de son film, la maladie et le voyage autour du monde, mais encore le personnage principal incarné par Kad Merad ne manifeste jamais aucun symptôme physique ou psychologique dû à son cancer. D’ailleurs, le pauvre Kad, malgré sa barbe de capitaine Haddock, ne colle pas du tout avec le rôle du marin : on sent bien qu’il n’a pas le moindre savoir-faire, ne serait-ce que pour hisser une voile. Les personnages créés ne sont en fait que des caricatures.
Ils sont à l’image d’une certaine bourgeoisie parisienne parvenue, consanguine, standardisée, dénationalisée, inculte, américanisée, qui essaye de remonter aux origines de son humanité et de se rapprocher du quotidien vécu par le Français moyen. Mais tout n’est que paraître, comme lorsque Gérôme ridiculise Dostoïevski et Stendhal en accumulant leurs œuvres dans son salon uniquement pour se donner des airs d’intellectuel auprès de ses camarades. Comme quand Boulou se fait faire un tatouage pour prouver son amour à sa compagne. Comme lorsque tous ces pseudo-potes essayent de s’émouvoir sur la destinée de leur amitié entre piscine, villas et barbecue, ou débarquent en smoking sur une rade pour pleurer le départ de leur Kiki.
Le pire est que tout cela est bien filmé, grâce aux moyens de la télé. Ce qui est sûr, c’est qu’On voulait tout casser ne crèvera pas l’écran. Ce faux film continuera cependant de donner aux Français une image pathétique d’eux-mêmes, alors qu’elle ne reflète que le triste quotidien d’une minorité d’entre eux. Une minorité si déracinée qu’elle en vient à parler de l’américain traduit en français : « Le plus vite je reviens, le plus vite je pourrai voir ma mère, les gars ». Dixit Kiki.
On voulait tout casser est l’archétype du film produit par une télé (TF1 et Canal+ en l’occurrence) et pour un public de télé. C’est donc un téléfilm qui s’est égaré sur le grand écran. Comment reconnaître le syndrome télé ? Vous prenez deux acteurs jugés bankable (Kad Merad, Benoît Magimel), vous y ajoutez un transfuge de la télé (Vincent Moscato, commentateur sportif, ancien rugbyman), vous leur donnez des prénoms majoritairement ridicules (Kiki, Boulou, Tony et Gérôme), et vous les associez chacun à une BCBG du XVIème. Vous les réunissez en disant que c’est une bande de potes franchouillards. Vous insinuez que chacun a couché avec tout le monde. Vous tissez des dialogues communs et aseptisés ponctuées de plaisanteries salasses. Vous assaisonnez la non-histoire de références culturelles américaines et de placements de marques (voiture, ici). Vous tournez dans des décors tout confort, sans jamais mentionner le nom des villes ou villages où se produit l’action. Vous plagiez le scénario d’un « pote » (étranges ressemblances avec Les petits mouchoirs, de Guillaume Canet, 2010). Et enfin vous essayez d’émouvoir le public, parce que l’un des potes, Kiki, a le cancer, et s’en va faire faire le tour du monde avec son bateau de 9 mètres pour réaliser son dernier rêve.
La mayonnaise ne prend pas. La bande à Kiki n’est pas crédible, contrairement à celle de Lellouche. Non seulement le réalisateur Philippe Guillard n’a pas trouvé le moindre motif pour illustrer deux thèmes majeurs de son film, la maladie et le voyage autour du monde, mais encore le personnage principal incarné par Kad Merad ne manifeste jamais aucun symptôme physique ou psychologique dû à son cancer. D’ailleurs, le pauvre Kad, malgré sa barbe de capitaine Haddock, ne colle pas du tout avec le rôle du marin : on sent bien qu’il n’a pas le moindre savoir-faire, ne serait-ce que pour hisser une voile. Les personnages créés ne sont en fait que des caricatures.
Ils sont à l’image d’une certaine bourgeoisie parisienne parvenue, consanguine, standardisée, dénationalisée, inculte, américanisée, qui essaye de remonter aux origines de son humanité et de se rapprocher du quotidien vécu par le Français moyen. Mais tout n’est que paraître, comme lorsque Gérôme ridiculise Dostoïevski et Stendhal en accumulant leurs œuvres dans son salon uniquement pour se donner des airs d’intellectuel auprès de ses camarades. Comme quand Boulou se fait faire un tatouage pour prouver son amour à sa compagne. Comme lorsque tous ces pseudo-potes essayent de s’émouvoir sur la destinée de leur amitié entre piscine, villas et barbecue, ou débarquent en smoking sur une rade pour pleurer le départ de leur Kiki.
Le pire est que tout cela est bien filmé, grâce aux moyens de la télé. Ce qui est sûr, c’est qu’On voulait tout casser ne crèvera pas l’écran. Ce faux film continuera cependant de donner aux Français une image pathétique d’eux-mêmes, alors qu’elle ne reflète que le triste quotidien d’une minorité d’entre eux. Une minorité si déracinée qu’elle en vient à parler de l’américain traduit en français : « Le plus vite je reviens, le plus vite je pourrai voir ma mère, les gars ». Dixit Kiki.