Steamboy

Film : Steamboy (2003)

Réalisateur : Katsuhiro Otomo

Acteurs : Kiyoshi Kodama (voix de Robert Stephnson), Manami Konishi (voix de Scarlett), David S. Lee (voix de Jason), Anne Suzuki (voix de Ray), Katsuo Nakamura (voix de Lloyd) et Masane Tsukayama (voix d...

Durée : 02:06:00


Le réalisateur s’attaque là au difficile sujet de la science et de son objectif réel : le progrès technique sert-il seulement à améliorer le sort de l’humanité ? Comment éviter les dérives ? L’idée de placer ce
conflit au XIXe, en pleine révolution industrielle, donne un excellent recul par rapport à l’époque actuelle. Cependant le film évite le pessimisme, la violence et l’horreur qui caractérisaient Akira, et s’adresse à un public beaucoup plus jeune : l’âge du héros, la présence de quelques passages comiques, et la très belle fin, qui tranche adroitement avec l’univers de métal et de grisaille omniprésents, délivrent un message nettement plus accessible aux jeunes spectateurs. En revanche, l’atmosphère reste assez pesante, le scénario complexe, et la réflexion n’est pas négligée.

On note donc un réel effort de la part du réalisateur, au milieu de plans particulièrement impressionnants, pour accentuer les hésitations des héros et montrer les motivations de chacun dans toute leur étendue. La position quelque peu bancale entre film pour adulte et dessin animé a tout au moins le mérite d’éviter les excès de l’un et de l’autre, et de s’adresser à un public très large. Quant à la réalisation
visuelle, elle est une indéniable réussite, et restitue l’Angleterre victorienne avec un bon souci de réalisme.

Si le film pose les bonnes questions, on reste frappé par la platitude des réponses données : bonheur de l’humanité, fraîcheur de l’enfance confrontée au dur réalisme des adultes, incrédulité d’une société pas encore prête à accepter un progrès trop rapide, et le rituel couplet sur l’homme qui invente des moyens de détruire l’homme. Les qualités du film masquent mal ce cruel manque de repères qui caractérise la société moderne. A tout prendre, n’est-il pas même qu’une bonne réadaptation du vieux conte de l’apprenti sorcier dépassé par ses découvertes ? Dans ce sens, la leçon qu’il tente de donner, entre avertissement contre la science sans repères et espoir dans la force d’abstraction et d’idéalisme présente dans le héros, n’est peut-être pas si vaine.

Louis-Marie CARLHIAN

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