The Rover

Film : The Rover (2014)

Réalisateur : David Michôd

Acteurs : Guy Pearce (Eric), Robert Pattinson (Rey), Scoot McNairy (Henry), David Field (Archie)

Durée : 01:42:00


Un loup solitaire promène sa vie pesante, entachée de regrets, à travers le désert australien. Il y croise des êtres désespérés, blasés, éreintés par la vie de ce Far West imaginaire, nouvelle poche désertée de pauvreté. Lui-même est le symbole de cet enfer, où l’on s’entretue sans vergogne. C’est chacun pour sa peau.
Cette anarchie, inévitablement, conduit à l’hécatombe.

Vous l’avez compris, The Rover n’est pas une comédie… C’est le terrifiant spectacle d’un monde sans espoir, vide, où les engrenages de vengeance enchaînent les hommes de justice eux-mêmes qui n’ont de la justice que le nom.

Terrifiante prophétie de l’individualisme à l’état brut. Personne ne compte, rien n’est précieux, un homme pas plus qu’un chien. The Rover est un western moderne glaçant, sinistre et violent.

The Rover, pour paraphraser Pascal, c’est la misère de l’homme sans Dieu.


Une goutte de Sergio Leone, pour ce caractère trempé, ce dur joué par un Guy Pearce au sommet, charismatique et sauvage, et une goutte de Terrence Malick, pour cette contemplation certes désolée, et pourtant étonnée : la caméra aux plans larges sur les panoramas montre le contraste entre la magnificence du pays et le cimetière que les hommes en font.

Un film qui s’adresse à un public cinéphile, pour ne pas s’arrêter à la réalisation très personnelle, lente, qui peut en ennuyer certains. Mais on peut aussi aimer plonger comme rarement dans le décor. Les nombreux plans dos aux personnages sont presque subjectifs : rien de mieux pour marcher à côté d’eux. De près, l’émotion finit par percer le cœur endurci d’Eric, et donc de capter le jeu d’un duo formidable : Guy Pearce, l’homme déjà mort, et Robert Pattinson, le jeune trop influençable et dérangé pour ce monde sans pitié.

Un road movie doté d’une esthétique remarquable, dont les personnages désaxés subissent l’écrasante anarchie de ce lieu où plane la phrase de Dante : « Vous qui entrez ici, perdez tout espoir ! »