Alliés

Film : Alliés (2016)

Réalisateur : Robert Zemeckis

Acteurs : Brad Pitt (Max Vatan), Marion Cotillard (Marianne Beausejour), Jared Harris (Frank Heslop), Lizzy Caplan (Bridget)

Durée : 02:01:00


Réalisateur multi-genres, le célèbre auteur de Retour vers le futur, Robert Zemeckis, s’intéresse aujourd’hui à une histoire d’espionnage sur le front africain de la seconde guerre mondiale. Un chasseur canadien enrôlé dans la Royal Air Force (Brad Pitt) voit son destin lié à celui d’une résistante française (Marion Cotillard). L’action se déroule d’abord à Casablanca où une mission anti-nazie rassemble nos deux protagonistes. Ensuite leur idylle les conduit bien sûr en Angleterre où les choses vont se compliquer comme le suggère la bande-annonce elle-même : Scotland Yard soupçonne en effet Marianne Beauséjour (Marion) de ne pas être celle qu’elle prétend.

Le film présente ainsi deux volets assez inégaux. Il s’inspire bien sûr de l’atmosphère coloniale du grand Casablanca de Michael Curtiz (1942) avec ses cafés et ses musiques françaises populaires, pour ensuite se terminer dans l’ambiance terriblement suspicieuse de La Taupe (Tinker Tailor Soldier Spy, 2011). A défaut d’innover vraiment sur les thèmes très classiques de cette romance d’espions, Robert Zemeckis a le mérite d’imposer son style. Sensible aux éléments, il promène sa caméra tantôt dans les sables du Maroc, tantôt sous le crachin britannique. Acteurs de qualité impeccables, amples mouvements de mise en scène, on retrouve là les critères de son talent.

L’alliage toujours gagnant de la séduction, du doute, et des balles

Le fond de l’intrigue repose sur un dilemme très simple opposant l’amour conjugal au devoir patriotique, à une époque où sévit dans les rangs de Churchill la « règle de la trahison intime » : si dans un couple d’espions mariés, l’un des deux surprend l’autre à communiquer des renseignements à l’ennemi, il doit le dénoncer. Et l’abattre ! Le film parvient à tirer son épingle du jeu en jouant la carte du doute, grâce au jeu très subtil des acteurs. Mais il se prend un peu les pieds dans les fourmillements de regards et de petits détails compliquant soudainement la relation amoureuse à la moitié du film. Après avoir passé beaucoup de temps à se jauger puis à se cajoler, les deux héros commencent à s’épier avec une Marion assez habile dans le rôle de la femme quasi-fatale, et un Brad réservant ses meilleurs coups pour la fin, sous ses dehors de pseudo-québécois se mettant… au français ! Encore un qui se met au français, c’est de bon augure !

Dans l’ensemble, le romanesque l’emporte assez nettement sur les enjeux politiques, et l’on peine à réaliser vraiment l’impact du comportement de ces espions rêveurs sur les orientations de leurs services spéciaux respectifs. Mais Zemeckis assume clairement ses objectifs fictionnels. Alliés aurait peut-être mérité un petit encart sur la coopération interalliée en matière de renseignement. Il s’est contenté d’un long rencart entre deux renseignements sur une opération de tirailleurs. Après, le film s’endort tout doucement sur ses qualités, et puis, bien évidemment, sur le physique de Brad Pitt, qui garde toujours sa fâcheuse tendance à vouloir surpasser les destins nationaux…