Last days of Summer

Film : Last days of Summer (2013)

Réalisateur : Jason Reitman

Acteurs : Kate Winslet (Adele), Josh Brolin (Frank), Gattlin Griffith (Henry Wheeler),Tobey Maguire (Adult Henry),

Durée : 01:51:00


Le jeune réalisateur Jason Reitman a su démontrer en quelques films (Juno, Young Adult, In the air…) qu’il savait aborder des thèmes sociaux très forts avec une certaine douceur, une belle photographie et une direction d’acteurs sensible.

Avec Last days of Summer il adapte le roman Long week-end de Joyce Maynard qui a attiré l’attention de la productrice Helen Estabrook pour ses personnages complexes et imprévisibles. Néanmoins si la réalisation est remarquable esthétiquement, la dramaturgie ne parvient pas à rendre la complexité et la surprise escomptées.

Les images bénéficient d’une splendide lumière naturelle de fin d’été qui caresse de sa douce chaleur des décors réels soigneusement choisis pour leur authenticité. L’on s’est même surpris à penser à Tree of Life, ce qui constitue plutôt une bonne référence photographique. Les mouvements de caméra sont plutôt simples et servent essentiellement une mise en scène centrée sur la psychologie des personnages. Le montage est néanmoins assez travaillé pour permettre une appréhension progressive du passé des protagonistes et tenter d’entretenir l’intrigue et le suspens, d’ailleurs trop léger pour un thriller.

Mais si les séquences sont adroitement montées, le film est cruellement desservi par un faible scénario pourtant écrit par Jason Reitman lui-même. Le film s’amorce sur une belle relation filiale entre Adèle (Kate Winslet) et son fils qui, depuis le départ de son père, tente d’être l’homme de la maison. Il sent bien ses limites dans sa capacité à combler sa mère isolée. Pourtant dès l’instant où Franck (Josh Brolin) entre brutalement dans leur vie, le film sombre dans la caricature et les lieux communs, le tout relié par un fil rouge convenu.

Le personnage de Franck tout d’abord est grossièrement écrit. On ne parvient pas à percevoir le lourd passé qu’il porte, tant son rôle est édulcoré et idéalisé. Reitman en a fait un homme bien sous tous rapports, excellent cuisinier, bricoleur, tendre, viril, paternel (avec la séquence ultra conventionnel du baseball avec le jeune Henry)... et même très affectueux avec les handicapés ! Il est évidemment beau, noble de cœur et fort. Bref on a fortement envie de le frapper. Il représente une icône idéalisée du mari et père. Ce n’est pas à L’ECRAN qu’on se plaindra de voir une personne vertueuse sur la toile mais l’équilibre est rompu : l’idéalisme vient masquer la réalité d’une âme brisée par son passé.

De plus l’amour qui va naître entre Franck et Adèle manque de crédibilité. Adèle, malheureuse et repliée sur elle-même, tombe sous le charme de l’homme parfait, dont le seul défaut est d’être recherché par la police. Tout s’enchaîne rapidement et la mécanique des sentiments est bâclée. On ne parvient pas à s’émouvoir de leur relation.

Henry bénéficie néanmoins d’un meilleur traitement. On découvre ainsi un adolescent en proie à de nombreux questionnements liés à la séparation de ses parents, sa véritable place dans la vie de sa mère, sa sexualité naissante, au besoin d’un père. Malheureusement l'idylle (insensée) de sa mère avec l’homme parfait en cavale étouffe le véritable potentiel d’une peinture subtile de la construction d’un jeune homme dans un contexte pesant et défavorable. Le spectateur, s’il ne s’ennuie pas, risque de ne rien retirer de rationnel sur l’amour qui demeure le thème principal, avec en sous-thème l’idée de la nécessité d’une famille pour s’épanouir. C’est vraiment regrettable.