Raconter l'histoire de ces hommes engagés pendant la Seconde guerre mondiale pour récupérer les trésors de guerre volés par les nazis, voilà un défi à la hauteur de Georges Clooney, acteur depuis le début des années 80 mais réalisateur depuis 2002 seulement avec Confessions d'un homme dangereux.
Si, si. Le problème était de taille.
Tout d'abord celui de la véracité historique. Il ne reste plus qu'un témoin en vie, présent sur le lieu du tournage, et les débats vont bon train (les restitutions de biens spoliés aux juifs font régulièrement les choux gras de la presse intellectuelle).
De plus, il faut rappeler que ces œuvres appartiennent à la vieille Europe alors que ces hommes faisaient partie de l'armée américaine. Le film se heurtera inéluctablement à la vindicte de ces Français acariâtres et ingrats ne voyant dans les américains qu'une culture Mac Do dominatrice, et vexés d'avoir été secourus par ces primates ! La sanction sera même alourdie en cas de patriotisme outre-atlantique puisque, ô crime perfide !, ces gens-là ont l’outrecuidance d'aimer leur pays !
De plus on sait combien les cinéastes français sont incapables de traiter ce genre de thème sans pleurnicherie (que mes confrères confondent avec « finesse d'esprit »), noirceur et auto-flagellation, ce qui est bien éloigné de l'entertainment revendiqué avec fierté par les primates susnommés.
On vous avait bien dit que ce serait difficile !
Alors qu'en est-il ?
Monuments Men est un film qui n'a pas d'autre prétention que de rendre hommage à des hommes courageux qui se sacrifièrent pour sauver notre culture, c'est à dire notre identité. On sait combien ce genre de film confine ordinairement à la propagande, le souci historique cédant bien vite le pas à la gloriole hollywoodienne. Eh bien ! sincèrement : ce n'est pas le cas... Bien sûr la critique française s'est ruée sur le nouveau-né, trop fière de pouvoir le déchiqueter de ses dents acérées, mais presque tous les reproches sont pinailleurs et de mauvaise foi. Les féministes déplorent ainsi qu'il n'y ait qu'une femme représentée dans le film, alors qu'il y en avait plusieurs dans la réalité. Tu parles d'un problème ! Les Monuments Men étaient avant tout des hommes, et la seule héroïne du film tient un rôle si important qu'un tel reproche relève de l'aveuglement idéologique.
On regrette, par ailleurs, que le rôle de cette femme soit ambigu dans le film (collabo ou résistante ?). Pas une seconde... Du début à la fin son double jeu est très clair pour le spectateur, c'est une patriote.
Forcément il ne reste plus qu'à reprocher à Matt Damon et Kate Blanchett leur mauvais accent anglais. La belle affaire, quand on sait que Jean Dujardin parle à peine anglais (même s'il tente de changer la donne en prenant des cours).
À voir les films français, on a souvent l'impression que seuls les juifs ont été spoliés. Monuments men rétablit remarquablement la balance en montrant aussi combien les catholiques se sont sacrifiés, pendant cette guerre comme les moines l'ont fait pendant des siècles, pour préserver l'héritage du passé.
Il faut reconnaître que d'un point de vue technique, le film présente clairement quelques insuffisances. A côté d'un Bill Murray au sommet de sa forme, Jean Dujardin est très inégal (certaines prises sont excellentes, d'autres le montrent mal à l'aise) et certains gags sont mal amenés (la boutade de Jean Dujardin sur Londres passe beaucoup mieux dans la bande-annonce que dans le film). Dans les moments de suspense, la tension est également instable : le passage du soldat allemand braquant deux des compères manque de souffle tandis que celui des allemands cachés dans les buissons (mais on ne va pas tout vous dire !) est assez efficace.
À la vérité on aurait aimé que ce film, avec tous ses défauts, soit français. On aurait aimé que cette ode à notre patrimoine et cette fierté patriotique vienne de France, mais nos élites sont évidemment trop occupés à mépriser notre passé pour bâtir sur les vents contraires de l'art contemporain !
Tiens, j'ai envie d'enfoncer le clou, alors je le dis : ce film américain a raison. Il insiste maintes fois sur le fait que l'art est notre histoire, notre identité, qu'il doit être chéri et défendu. Il martèle aussi cette question extraordinaire : comment se fait-il qu'au milieu d'une crise aussi profonde qu'une guerre mondiale, des hommes se soient sacrifiés pour des... tableaux ?! Ceux qui défendent aujourd'hui notre patrimoine et nos arts doivent remercier Georges et ses copains d'avoir su montrer à notre époque brutale et ridicule que nos gènes sont tout entiers contenus dans ces morceaux de génie et de savoir-faire. Une fois n'est pas coutume, ils peuvent se reposer sur l'épaule de ce « Monuments Men » qui, par le biais du divertissement, interdit au public de penser que la « crise » actuelle justifie le désert de nos valeurs culturelles, dans lequel la principale préoccupation des autochtones est de savoir comment enrayer le téléchargement illégal !
Au fond, peut-être fallait-il que ce soit un pays privé d'histoire qui nous enseigne à nous, enfants gâtés, ce que nous avons et que d'autres n'ont pas...
Raconter l'histoire de ces hommes engagés pendant la Seconde guerre mondiale pour récupérer les trésors de guerre volés par les nazis, voilà un défi à la hauteur de Georges Clooney, acteur depuis le début des années 80 mais réalisateur depuis 2002 seulement avec Confessions d'un homme dangereux.
Si, si. Le problème était de taille.
Tout d'abord celui de la véracité historique. Il ne reste plus qu'un témoin en vie, présent sur le lieu du tournage, et les débats vont bon train (les restitutions de biens spoliés aux juifs font régulièrement les choux gras de la presse intellectuelle).
De plus, il faut rappeler que ces œuvres appartiennent à la vieille Europe alors que ces hommes faisaient partie de l'armée américaine. Le film se heurtera inéluctablement à la vindicte de ces Français acariâtres et ingrats ne voyant dans les américains qu'une culture Mac Do dominatrice, et vexés d'avoir été secourus par ces primates ! La sanction sera même alourdie en cas de patriotisme outre-atlantique puisque, ô crime perfide !, ces gens-là ont l’outrecuidance d'aimer leur pays !
De plus on sait combien les cinéastes français sont incapables de traiter ce genre de thème sans pleurnicherie (que mes confrères confondent avec « finesse d'esprit »), noirceur et auto-flagellation, ce qui est bien éloigné de l'entertainment revendiqué avec fierté par les primates susnommés.
On vous avait bien dit que ce serait difficile !
Alors qu'en est-il ?
Monuments Men est un film qui n'a pas d'autre prétention que de rendre hommage à des hommes courageux qui se sacrifièrent pour sauver notre culture, c'est à dire notre identité. On sait combien ce genre de film confine ordinairement à la propagande, le souci historique cédant bien vite le pas à la gloriole hollywoodienne. Eh bien ! sincèrement : ce n'est pas le cas... Bien sûr la critique française s'est ruée sur le nouveau-né, trop fière de pouvoir le déchiqueter de ses dents acérées, mais presque tous les reproches sont pinailleurs et de mauvaise foi. Les féministes déplorent ainsi qu'il n'y ait qu'une femme représentée dans le film, alors qu'il y en avait plusieurs dans la réalité. Tu parles d'un problème ! Les Monuments Men étaient avant tout des hommes, et la seule héroïne du film tient un rôle si important qu'un tel reproche relève de l'aveuglement idéologique.
On regrette, par ailleurs, que le rôle de cette femme soit ambigu dans le film (collabo ou résistante ?). Pas une seconde... Du début à la fin son double jeu est très clair pour le spectateur, c'est une patriote.
Forcément il ne reste plus qu'à reprocher à Matt Damon et Kate Blanchett leur mauvais accent anglais. La belle affaire, quand on sait que Jean Dujardin parle à peine anglais (même s'il tente de changer la donne en prenant des cours).
À voir les films français, on a souvent l'impression que seuls les juifs ont été spoliés. Monuments men rétablit remarquablement la balance en montrant aussi combien les catholiques se sont sacrifiés, pendant cette guerre comme les moines l'ont fait pendant des siècles, pour préserver l'héritage du passé.
Il faut reconnaître que d'un point de vue technique, le film présente clairement quelques insuffisances. A côté d'un Bill Murray au sommet de sa forme, Jean Dujardin est très inégal (certaines prises sont excellentes, d'autres le montrent mal à l'aise) et certains gags sont mal amenés (la boutade de Jean Dujardin sur Londres passe beaucoup mieux dans la bande-annonce que dans le film). Dans les moments de suspense, la tension est également instable : le passage du soldat allemand braquant deux des compères manque de souffle tandis que celui des allemands cachés dans les buissons (mais on ne va pas tout vous dire !) est assez efficace.
À la vérité on aurait aimé que ce film, avec tous ses défauts, soit français. On aurait aimé que cette ode à notre patrimoine et cette fierté patriotique vienne de France, mais nos élites sont évidemment trop occupés à mépriser notre passé pour bâtir sur les vents contraires de l'art contemporain !
Tiens, j'ai envie d'enfoncer le clou, alors je le dis : ce film américain a raison. Il insiste maintes fois sur le fait que l'art est notre histoire, notre identité, qu'il doit être chéri et défendu. Il martèle aussi cette question extraordinaire : comment se fait-il qu'au milieu d'une crise aussi profonde qu'une guerre mondiale, des hommes se soient sacrifiés pour des... tableaux ?! Ceux qui défendent aujourd'hui notre patrimoine et nos arts doivent remercier Georges et ses copains d'avoir su montrer à notre époque brutale et ridicule que nos gènes sont tout entiers contenus dans ces morceaux de génie et de savoir-faire. Une fois n'est pas coutume, ils peuvent se reposer sur l'épaule de ce « Monuments Men » qui, par le biais du divertissement, interdit au public de penser que la « crise » actuelle justifie le désert de nos valeurs culturelles, dans lequel la principale préoccupation des autochtones est de savoir comment enrayer le téléchargement illégal !
Au fond, peut-être fallait-il que ce soit un pays privé d'histoire qui nous enseigne à nous, enfants gâtés, ce que nous avons et que d'autres n'ont pas...