A partir des années 1910, Edgar Rice Burroughs aura écrit une trentaine de romans sur Tarzan. Depuis, une centaine de films ont adapté son histoire respectant plus ou moins les romans de base. Pour la société de production allemande Ambient Entertainment GMBH, il s’agit du deuxième film d’animation en images de synthèse et à nouveau confié à Reinhard Klooss (Animaux & Cie).
Le défi consistait à proposer une histoire de Tarzan à la fois originale et respectueuse de l’esprit des romans. Selon le réalisateur, son histoire “s’articule autour de trois axes : le récit d’apprentissage, la famille de gorilles qui tient lieu de foyer émotionnel et la métaphore de la météorite”. Même en tenant compte du fait que le film s’adresse à des enfants, ces trois axes sont mal exploités. L’adoption de Tarzan par la famille de gorilles est particulièrement classique et gomme l’aspect initiatique au profit des performances acrobatiques. Concernant la famille de gorilles, le réalisateur affirme avoir voulu éviter le piège de l’anthropomorphisme. En réalité, si les gorilles sont techniquement très bien réalisés et assez réalistes dans leurs mouvements, leurs attitudes expriment des émotions humaines qui n’ont plus rien d’animal. Le cinéaste utilise donc bien l’anthropomorphisme comme vecteur émotionnel, même s’il est vrai que les animaux ne parlent pas. Ce moyen est d’ailleurs assez logiquement utilisé dans les films pour enfants qui ont besoin d’identifier les choses clairement.
Le plus gênant est sans doute ce que Reinhard Klooss appelle la métaphore de la météorite. Au regard du dernier Indiana Jones, entre aventures et science-fiction délirante, on ne serait pas étonné d’apprendre que Spielberg et Lucas ont participé au scénario ! Mais il semblerait que non… Pour moderniser l’idée du conflit entre nature et civilisation, les scénaristes font s’écraser une météorite, ayant d’étranges pouvoirs extraterrestre, en pleine jungle… Toute l’histoire tourne donc autour de ce phénomène mais il faut admettre que cela n’apporte pas grand-chose au récit. Pire le scénario rabote considérablement la dramaturgie de Tarzan au profit de l’action. Bien que Klooss prétende être retourné à la source pour l’écriture du scénario, il semble avoir mis de côté le plus important : Tarzan est une histoire sur l’identité. Elevé par la nature, Tarzan doit choisir entre sa vie sauvage et le monde des humains auquel il appartient par nature. Le questionnement philosophique est remplacé par des enjeux terre à terre : sauver Jane et son père des vilains méchants. L’argument du public visé n’est pas recevable dans la mesure où le film comprend de nombreuses scènes assez dures de perte d’êtres chers qui pourront heurter la sensibilité des plus jeunes. Par ailleurs, rien n’empêche d’utiliser plusieurs niveaux de lecture. Le livre de la Jungle de Walt Disney est un bon exemple de divertissement pour enfant conservant complètement la thématique du dilemme identitaire.
Reste néanmoins un travail soigné de l’animation. A notre connaissance, il n’existe aucun film en image de synthèse qui ait comme héros un personnage quasi nu. D’un point de vue technique et artistique, les mécaniques et les textures du corps humain sont extrêmement difficiles à rendre. Si le corps et les mouvements de Tarzan sont bien travaillés, les autres personnages sont très simplifiés.
En définitive, Tarzan est un divertissement d’animation qui s’oubliera vite mais qui semble avoir amusé les enfants de notre salle...
A partir des années 1910, Edgar Rice Burroughs aura écrit une trentaine de romans sur Tarzan. Depuis, une centaine de films ont adapté son histoire respectant plus ou moins les romans de base. Pour la société de production allemande Ambient Entertainment GMBH, il s’agit du deuxième film d’animation en images de synthèse et à nouveau confié à Reinhard Klooss (Animaux & Cie).
Le défi consistait à proposer une histoire de Tarzan à la fois originale et respectueuse de l’esprit des romans. Selon le réalisateur, son histoire “s’articule autour de trois axes : le récit d’apprentissage, la famille de gorilles qui tient lieu de foyer émotionnel et la métaphore de la météorite”. Même en tenant compte du fait que le film s’adresse à des enfants, ces trois axes sont mal exploités. L’adoption de Tarzan par la famille de gorilles est particulièrement classique et gomme l’aspect initiatique au profit des performances acrobatiques. Concernant la famille de gorilles, le réalisateur affirme avoir voulu éviter le piège de l’anthropomorphisme. En réalité, si les gorilles sont techniquement très bien réalisés et assez réalistes dans leurs mouvements, leurs attitudes expriment des émotions humaines qui n’ont plus rien d’animal. Le cinéaste utilise donc bien l’anthropomorphisme comme vecteur émotionnel, même s’il est vrai que les animaux ne parlent pas. Ce moyen est d’ailleurs assez logiquement utilisé dans les films pour enfants qui ont besoin d’identifier les choses clairement.
Le plus gênant est sans doute ce que Reinhard Klooss appelle la métaphore de la météorite. Au regard du dernier Indiana Jones, entre aventures et science-fiction délirante, on ne serait pas étonné d’apprendre que Spielberg et Lucas ont participé au scénario ! Mais il semblerait que non… Pour moderniser l’idée du conflit entre nature et civilisation, les scénaristes font s’écraser une météorite, ayant d’étranges pouvoirs extraterrestre, en pleine jungle… Toute l’histoire tourne donc autour de ce phénomène mais il faut admettre que cela n’apporte pas grand-chose au récit. Pire le scénario rabote considérablement la dramaturgie de Tarzan au profit de l’action. Bien que Klooss prétende être retourné à la source pour l’écriture du scénario, il semble avoir mis de côté le plus important : Tarzan est une histoire sur l’identité. Elevé par la nature, Tarzan doit choisir entre sa vie sauvage et le monde des humains auquel il appartient par nature. Le questionnement philosophique est remplacé par des enjeux terre à terre : sauver Jane et son père des vilains méchants. L’argument du public visé n’est pas recevable dans la mesure où le film comprend de nombreuses scènes assez dures de perte d’êtres chers qui pourront heurter la sensibilité des plus jeunes. Par ailleurs, rien n’empêche d’utiliser plusieurs niveaux de lecture. Le livre de la Jungle de Walt Disney est un bon exemple de divertissement pour enfant conservant complètement la thématique du dilemme identitaire.
Reste néanmoins un travail soigné de l’animation. A notre connaissance, il n’existe aucun film en image de synthèse qui ait comme héros un personnage quasi nu. D’un point de vue technique et artistique, les mécaniques et les textures du corps humain sont extrêmement difficiles à rendre. Si le corps et les mouvements de Tarzan sont bien travaillés, les autres personnages sont très simplifiés.
En définitive, Tarzan est un divertissement d’animation qui s’oubliera vite mais qui semble avoir amusé les enfants de notre salle...