Les Brasiers de la Colère est une plongée dans un enfer que nous méconnaissons sans doute sur le Vieux Continent : celui de l'Amérique au rêve définitivement brisé.
Autrefois, c'était Voyage au Bout de l'Enfer, un monument qui montrait la détresse du Nouveau Monde, broyé par la crise morale du Vietnam. Aujourd'hui, la crise économique plonge plusieurs zones industrielles dans une agonie où l'ambition n'est plus qu'un rêve lointain, comme Detroit, désertée comme l'étaient les petites villes fantômes du Texas un siècle auparavant, et cette « ceinture de rouille » où vivent Russel et Rodney, les deux frangins.
Le film, sans tomber dans un niais rousseauisme, dénonce la cruauté de l'actuelle société américaine, à travers un chômage qui dégoûte de l'honnêteté et de la bonne volonté.
Le petit frère, Rodwell, sort de plusieurs sorties d'Irak ; la guerre, d'où l'on ne revient jamais comme on est parti. Profondément blessé par le manque de reconnaissance du pays pour son soldat (du Vietnam à Rambo, un thème typique!), il ne peut accepter comme son frère l'injustice. Russel lui, cherche toujours le bien, en commençant par s'occuper des autres. Altruiste, prévenant, doux, gardant son sang-froid et mesuré, il est l'homme bon qui accepte la difficulté et ne se tourmente pas de l'apparente médiocrité de sa vie. Et pourtant…
Du militaire qu'on laisse errer sans médaille ni travail, à l'ange imperturbable jamais récompensé de son zèle, l'Amérique d'Obama (courageusement pointé du doigt, assez rare pour être remarqué) est vue comme un milieu infernal où il devient impossible de ne pas tomber, de ne pas « plonger ».
Quelles que soient vos intentions, vous serez entraîné par la déchéance du pays comme si vous couliez dans les cales d'un énorme navire en naufrage. Ce déterminisme sonne un glas sinistre, dans un film résolument sombre, qui lance un cri de désespoir au pays de l'american dream.
Réalisé de façon très classique, Les Brasiers de la Colère ne satisfera pas le grand public : pas d'originalité, de surprise, de poudre aux yeux. Rien que du réel. Et pour l’œil cinéphile, c'est un régal. Porté par un duo époustouflant, Christian Bale (qui met la barre toujours plus haut, après The Fighter), et Casey Affleck (attention, talent monstre!), auquel il faut y ajouter la talentueuse Zoe Zaldana, Les Brasiers de la Colère n'est toutefois pas sans défaut. Un homme trop mauvais pour être vrai (quoique …) crée une tension réussie (« pour faire un bon film, il faut un bon méchant » disait Hitchcock, un vrai méchant !), mais ternit le réalisme choisi, tout comme quelques seconds rôles décoratifs. Il faut dire qu'avec l'overcast qu'il y avait, en approfondissant chaque personnage, on y aurait passé cinq heures.
Évidemment, un film montrant la détresse, ça ne vend pas du rêve, pour ceux qui vont au cinéma uniquement pour ça. Trop classique, diront d'autres. Et alors ? On n'est pas obligé de faire un Dogville à chaque fois que l'on fait un film. Originalité, comme nous l'a si bien montré le récent Only God Forgives, n'est pas synonyme de qualité. Et de ce point de vue, Les Brasiers de la Colère est gâté : sombre, profond, doté d'une narration irréprochable, d'une photographie toujours soignée, et surtout admirablement interprété, il est un digne héritier du Nouvel Hollywood. Ceux qui seront déçus, a priori, seront ceux venus se divertir, et ayant affaire au final à une œuvre d'art.
Les Brasiers de la Colère est une plongée dans un enfer que nous méconnaissons sans doute sur le Vieux Continent : celui de l'Amérique au rêve définitivement brisé.
Autrefois, c'était Voyage au Bout de l'Enfer, un monument qui montrait la détresse du Nouveau Monde, broyé par la crise morale du Vietnam. Aujourd'hui, la crise économique plonge plusieurs zones industrielles dans une agonie où l'ambition n'est plus qu'un rêve lointain, comme Detroit, désertée comme l'étaient les petites villes fantômes du Texas un siècle auparavant, et cette « ceinture de rouille » où vivent Russel et Rodney, les deux frangins.
Le film, sans tomber dans un niais rousseauisme, dénonce la cruauté de l'actuelle société américaine, à travers un chômage qui dégoûte de l'honnêteté et de la bonne volonté.
Le petit frère, Rodwell, sort de plusieurs sorties d'Irak ; la guerre, d'où l'on ne revient jamais comme on est parti. Profondément blessé par le manque de reconnaissance du pays pour son soldat (du Vietnam à Rambo, un thème typique!), il ne peut accepter comme son frère l'injustice. Russel lui, cherche toujours le bien, en commençant par s'occuper des autres. Altruiste, prévenant, doux, gardant son sang-froid et mesuré, il est l'homme bon qui accepte la difficulté et ne se tourmente pas de l'apparente médiocrité de sa vie. Et pourtant…
Du militaire qu'on laisse errer sans médaille ni travail, à l'ange imperturbable jamais récompensé de son zèle, l'Amérique d'Obama (courageusement pointé du doigt, assez rare pour être remarqué) est vue comme un milieu infernal où il devient impossible de ne pas tomber, de ne pas « plonger ».
Quelles que soient vos intentions, vous serez entraîné par la déchéance du pays comme si vous couliez dans les cales d'un énorme navire en naufrage. Ce déterminisme sonne un glas sinistre, dans un film résolument sombre, qui lance un cri de désespoir au pays de l'american dream.
Réalisé de façon très classique, Les Brasiers de la Colère ne satisfera pas le grand public : pas d'originalité, de surprise, de poudre aux yeux. Rien que du réel. Et pour l’œil cinéphile, c'est un régal. Porté par un duo époustouflant, Christian Bale (qui met la barre toujours plus haut, après The Fighter), et Casey Affleck (attention, talent monstre!), auquel il faut y ajouter la talentueuse Zoe Zaldana, Les Brasiers de la Colère n'est toutefois pas sans défaut. Un homme trop mauvais pour être vrai (quoique …) crée une tension réussie (« pour faire un bon film, il faut un bon méchant » disait Hitchcock, un vrai méchant !), mais ternit le réalisme choisi, tout comme quelques seconds rôles décoratifs. Il faut dire qu'avec l'overcast qu'il y avait, en approfondissant chaque personnage, on y aurait passé cinq heures.
Évidemment, un film montrant la détresse, ça ne vend pas du rêve, pour ceux qui vont au cinéma uniquement pour ça. Trop classique, diront d'autres. Et alors ? On n'est pas obligé de faire un Dogville à chaque fois que l'on fait un film. Originalité, comme nous l'a si bien montré le récent Only God Forgives, n'est pas synonyme de qualité. Et de ce point de vue, Les Brasiers de la Colère est gâté : sombre, profond, doté d'une narration irréprochable, d'une photographie toujours soignée, et surtout admirablement interprété, il est un digne héritier du Nouvel Hollywood. Ceux qui seront déçus, a priori, seront ceux venus se divertir, et ayant affaire au final à une œuvre d'art.