Les films des frères Dardenne, on aime ou on n’aime pas. C'est un peu comme Ken Loach, leur pendant britannique.
Deux jours, une nuit est un film à l'image de la carrière de ces deux Belges exigeants et typés. Outre leur passion pour le drame social hyper réaliste, on y retrouve les gros plans, la fébrilité des acteurs, et les tronches d'enterrement tout le long. Avec les Dardenne, c'est sérieux, on n'est pas là pour rigoler.
Marion Cotillard l'a bien compris, qui incarne Sandra avec une authenticité confondante, dans les postures, les gestes, les expressions faciales et même le langage ouvrier simple et percutant. Tous les rôles sont d'ailleurs bien garnis, avec bien l'incontournable Fabrizio Rongione mis à l'honneur par les deux frangins en 1999 avec Rosetta et recaster depuis presque à chaque film.
Ce qui peut largement décontenancer, en revanche, c'est le scénario propre au genre du réalisme social dramatique. Car en fait d'histoire, on frise le zéro pointé. L'essentiel n'est pas de soutenir l'attention du spectateur mais d'illustrer, une situation française et européenne terrible, en l'aggravant même car par le truchement de l'effet-loupe (cf. notre article sur l'effet-loupe) on est amené à penser que les ouvriers vivent tous dans des conditions dramatiques.
De ce fait, celui qui ne sait pas ou ne veut pas savoir que ce film se regarde tout entier dans les détails, dans les rapports entre personnages, dans la justesse des peintures ; celui qui n'a pas la force de soutenir une pareille attention pendant 1h35, ne pourra que détester le film, le genre, et les frères Dardenne par-dessus le marché.
Or, paradoxe amusant, il y a bien peu de personnes susceptibles de supporter ce genre d'œuvre en période de crise. La nouvelle vague et son (pseudo-)réalisme n'ont pu s'implanter que dans une France embourgeoisée et un peu inquiète d'une détérioration récente de l'économie, mais au fond du gouffre il y a fort à parier que nos contemporains préféreraient la plus bête des comédies au plus intelligent des drames.
Concernant la peinture sociale, et mis à part l'effet-loupe précité, on peut apprécier que les réalisateurs ne tombent pas dans l'habituelle caricature des méchants capitalistes dévorant la chair de leurs ouvriers.
Ici, le chef d'entreprise est montré pris à la gorge, réagissant comme il peut dans un contexte qui lui laisse peu de marge.
La figure interprétée par Marion Cottillard est celle d'une femme dépressive très fragile mais droite et honnête, hormis cette tentative de suicide qui démontre un égoïsme latent à la mode aujourd'hui. Plutôt que de tenir bon dans le combat pour les siens, n'est-il pas mille fois plus facile de se jeter dans le vide pour délester la montgolfière familiale ?
La figure du mari, en revanche, est irréprochable. Il soutient sa femme sans faiblir, l'encourage, prend ses responsabilités et montre à tous que la force exclut la brutalité. Un modèle de patience à suivre.
Une image froide et sans concession de la précarité européenne, joliment portée par une Marion Cotillard démontrant à ses détracteurs qu'elle est une très grande actrice.
Les films des frères Dardenne, on aime ou on n’aime pas. C'est un peu comme Ken Loach, leur pendant britannique.
Deux jours, une nuit est un film à l'image de la carrière de ces deux Belges exigeants et typés. Outre leur passion pour le drame social hyper réaliste, on y retrouve les gros plans, la fébrilité des acteurs, et les tronches d'enterrement tout le long. Avec les Dardenne, c'est sérieux, on n'est pas là pour rigoler.
Marion Cotillard l'a bien compris, qui incarne Sandra avec une authenticité confondante, dans les postures, les gestes, les expressions faciales et même le langage ouvrier simple et percutant. Tous les rôles sont d'ailleurs bien garnis, avec bien l'incontournable Fabrizio Rongione mis à l'honneur par les deux frangins en 1999 avec Rosetta et recaster depuis presque à chaque film.
Ce qui peut largement décontenancer, en revanche, c'est le scénario propre au genre du réalisme social dramatique. Car en fait d'histoire, on frise le zéro pointé. L'essentiel n'est pas de soutenir l'attention du spectateur mais d'illustrer, une situation française et européenne terrible, en l'aggravant même car par le truchement de l'effet-loupe (cf. notre article sur l'effet-loupe) on est amené à penser que les ouvriers vivent tous dans des conditions dramatiques.
De ce fait, celui qui ne sait pas ou ne veut pas savoir que ce film se regarde tout entier dans les détails, dans les rapports entre personnages, dans la justesse des peintures ; celui qui n'a pas la force de soutenir une pareille attention pendant 1h35, ne pourra que détester le film, le genre, et les frères Dardenne par-dessus le marché.
Or, paradoxe amusant, il y a bien peu de personnes susceptibles de supporter ce genre d'œuvre en période de crise. La nouvelle vague et son (pseudo-)réalisme n'ont pu s'implanter que dans une France embourgeoisée et un peu inquiète d'une détérioration récente de l'économie, mais au fond du gouffre il y a fort à parier que nos contemporains préféreraient la plus bête des comédies au plus intelligent des drames.
Concernant la peinture sociale, et mis à part l'effet-loupe précité, on peut apprécier que les réalisateurs ne tombent pas dans l'habituelle caricature des méchants capitalistes dévorant la chair de leurs ouvriers.
Ici, le chef d'entreprise est montré pris à la gorge, réagissant comme il peut dans un contexte qui lui laisse peu de marge.
La figure interprétée par Marion Cottillard est celle d'une femme dépressive très fragile mais droite et honnête, hormis cette tentative de suicide qui démontre un égoïsme latent à la mode aujourd'hui. Plutôt que de tenir bon dans le combat pour les siens, n'est-il pas mille fois plus facile de se jeter dans le vide pour délester la montgolfière familiale ?
La figure du mari, en revanche, est irréprochable. Il soutient sa femme sans faiblir, l'encourage, prend ses responsabilités et montre à tous que la force exclut la brutalité. Un modèle de patience à suivre.
Une image froide et sans concession de la précarité européenne, joliment portée par une Marion Cotillard démontrant à ses détracteurs qu'elle est une très grande actrice.