Arrêtez-moi

Film : Arrêtez-moi (2012)

Réalisateur : Jean-Paul Lilienfeld

Acteurs : Sophie Marceau (La coupable), Miou-Miou (Pontoise), Marc Barbé (Jimmy), Yann Ebongé (Joliveau)

Durée : 01:39:00


Arrête-moi tu le peux. L'intrigue saisit d'emblée : pourquoi cette femme avoue-t-elle le meurtre de son mari alors que l’enquête l’avait innocentée ? C’était il y a dix ans. Est-ce le remords ? Devant elle, la policière refuse d'entamer une procédure. Trois heures à tenir face à cette femme qui semble avoir seulement besoin de vider son sac, et elle ne pourra plus être poursuivie. C'est une femme battue, qui s'est toujours laissée faire. Pour la policière, la victime est la femme, pas le mari tué. Mais pourquoi avoir une compassion tombant dans l’injustice (elle veut laisser filer quelqu'un qui avoue un crime …) ?  La policière joue la montre, en bavardant sans cesse. Elle comprend la gravité de ce que demande cette femme visiblement triste et dérangée. Devant elle, une trentenaire demande à être poursuivie et jetée derrière les barreaux. Elle est obligée, par sens moral, de réfléchir, de ne pas s'exécuter machinalement, et c'est ce qu'oublie la malheureuse veuve : en face, il y a une personne humaine, pas un instrument. Et jusqu'au bout, on est tenu en haleine par cet aveu incroyable et incompréhensible.
Trop grand amour, trop grande faiblesse pour cette femme qui arrête brutalement cette spirale de souffrance dans l’anonymat. Et même si on flaire en son mari la caricature de l’homme dominateur par ce véritable monstre, on est déjà conquis : rythmé, admirablement joué et doté d'une réalisation superbe (quelques plans citadins géniaux, scènes de violence immersives filmées « à la première personne »), ce témoignage dur nous emmène vers sa substantifique moelle, par un final fort et poignant. Arrêtez-moi est un diamant brut qui rappelle, sans mentir, le génie d'Elia Kazan.