Le Dialogue des Carmelites

Film : Le Dialogue des Carmelites (1960)

Réalisateur : Philippe Agostini, Raymond Leopold Bruckberger

Acteurs : Jeanne Moreau (Mère Marie de l'Incarnation), Alida Valli (Mère Thérèse de Saint-Augustin), Pierre Brasseur (le commissaire du peuple), Madeleine Renaud (la prieure)

Durée : 01:52:00


Le dialogue des carmélites est un émouvant drame historique vécu pendant la révolution française, ne pouvant nous laisser indifférents mais songeurs.
En effet, quel destin si singulier que celui de ces carmélites contrastant terriblement avec leur vie faite de prières, de silence, de renoncement et d'innocence. !

Avant Bernanos, les cinéastes Philippe Agostini et Raymon Leopold Bruck avaient eu l'idée d'un scénario inspiré de la nouvelle La Dernière à l'échafaud de Gertrud Von le Fort, mais avaient abandonné l'idée.
Finalement, devant le succès de l'œuvre de Bernanos (composée peu avant sa mort) et portée à la scène par Herbertot mais aussi Francis Poulenc, Philippe Agostini et Raymond Lepold Bruck reprirent leur projet cinématographique initial. Le tournage aura lieu en septembre-octobre 1959.

La richesse et la variété des tempéraments très humains présentés ici ainsi que l'amour victorieux qui soude et unit cette communauté nous laisse admiratif.
Que de dignité et de sagesse incarnées par la mère prieure, parfaitement représentée par Alida Valli. Mère au sens noble du terme voulant assurer protection et tranquillité, consciente de ses fonctions et de ses responsabilités.
Que de générosité à travers un duo personnages/actrices incontournable comme Soeur Blanche de l'Agonie du Christ (Pascale Audrey) et Mère Marie de l'Incarnation (Jeanne Moreau), si opposées l'une l'autre !
D'un côté, la faiblesse, la fragilité, la recherche de la sécurité. De l'autre, la force, le courage, la recherche de l'honneur. L'une suppléera à l'autre.

On sera étonnée du système si démocratique et humain des religieuses, votant pour prendre des décisions, préférant renoncer à une opinion propre comme en témoigne différentes scènes : le choix de garder Sœur Blanche au couvent, le vœu du martyre, la résignation de Mère Marie de l'Incarnation à perpétuer le carmel.

Le montage de l'ensemble du film est fluide, le poids des dialogues ne se faisant pas ressentir.
Il n'y a pas non plus de recherche d'effets. Les cadrages soulignent sobrement les mouvements des personnages.
Certains plans sont pourtant très significatifs. Au début du film, le zoom progressif du générique sur les grilles du carmel, placé juste après la séquence de la cérémonie nuptiale d'entrée au carmel de deux jeunes filles nous révèle toute la mesure de cet acte, le renoncement au monde.  
Peu après, un travelling horizontal puis légèrement vertical accompagne ces jeunes religieuses au couvent, puis s'arrête longtemps sur l'imposante porte d'entrée, par retenue et par respect, comme pour ne pas violer un lieu sacré.
Au milieu du film, un plan demi ensemble fixe nous montre de profil le visage du curé et celui de la mère prieure, séparés par la grille du carmel. Le beau reflet de cette grille sur le visage du curé nous révèle à quel point il n'est pas en sécurité à l'extérieur.
Un film donc à voir et garder en mémoire...