Malgré quelques éléments peu crédibles, Eric Besnard signe une réalisation soignée, dans la droite ligne du film français, avec les exigences du public habitué à l'épilepsie holywoodienne. Partiellement produit par la WWF, le film regorge de plans photo superbes centrés sur la jungle guyanaise, ainsi que de vertigineux travellings et panoramiques verticaux pour situer les différentes actions. La caméra s'attarde en revanche un peu longuement sur certains plans, dernier vestige d'un cinéma français qui se croit littérature, essayant d'exprimer vainement en de longues expressions de visage les mouvements de l'âme qu'un livre peut détailler à souhait. Il en ressort qu'en y additionnant la noirceur d'un film d'introspection, Eric Besnard poinçonne la pellicule d'une french touch diversement appréciée. Promotion de la nature oblige, la musique, très belle, sait s'effacer devant les bruits exotiques de la jungle. Sur le fond, l'oeuvre vient s'ajouter à la longue liste de celles qui étudient les ravages de l'or sur l'homme. Dans des phrases souvent trop pompeuses pour être authentiques, le pouvoir de l'or sur les peuples et les consciences est évoqué comme s'il pesait sur les aventuriers une malédiction mortelle. La primauté de l'affection humaine sur l'appât du gain est également revendiquée par le script, puisque Virgil préfère Camille à son or, comme celle-ci risque sa vie et sa part pour sauver une autochtone. Enfin le film présente l'inconvénient de rendre sympathique une bande de brigands qui pille honteusement une entreprise, dont certaines activités illégales ne saurait rendre un vol légitime.