A bout portant

Film : A bout portant (2010)

Réalisateur : Fred Cavayé

Acteurs : Gilles Lellouche (Samuel Pierret), Roschdy Zem (Hugo Sartet), Gérard Lanvin (Commandant Werner), Elena Anaya (Nadia Pierret), .

Durée : 01:25:00


Un très bon thriller, bien mené par de solides acteurs malgré quelques insuffisances scénaristiques et une confusion entre justice et vengeance.

style="font-family: Cambo,arial,helvetica,sans-serif">Gilles Lellouche incarne un mari et un futur papa réellement attendrissant, hissant ainsi son jeu d'acteur au niveau des grands, comme Gérard Lanvin, particulièrement convaincant.

Les comédiens sont donc remarquables, même si certaines répliques de Mireille Perrier sonnent franchement faux.

Le scénario rate de peu l'excellence. Même s'il est bien construit et parfois très astucieux (en témoigne le passage où Gilles Lellouche semble téléphoner au commandant qui, à l'autre bout, fouille dans sa poche pour en sortir son... portefeuille : ce n'est pas son téléphone qui sonnait mais celui d'un collègue), le script contient quelques incohérences
dont la principale est celle de ce groupe de policiers véreux, qui ne pourraient pas faire en réalité la moitié de ce qu'ils font, surtout lorsqu'ils jouent les tueurs à gages à visages découverts. De plus ils se laissent filmer pendant leur sale besogne, en pensant faire chanter leur client avec la vidéo, alors qu'il n'est pas très difficile de comprendre que cette vidéo est inexploitable : la diffuser reviendrait à révéler les magouilles des policiers eux-mêmes.

Sur le fond le couple interprété par Gilles Lellouche et Éléna Anaya est à la fois beau et criant de vérité, ce qui renforce du même coup le suspens, mais relève plus dans le film de la cause instrumentale que de la cause finale.

L'
objectif en effet, comme dans tous les bons thrillers, est plutôt de pénétrer dans la complexité des relations humaines, chez les policiers comme chez les gangsters. La dureté du milieu, l'intransigeance des missions et des moyens utilisés tissent un univers fascinant qui captive le spectateur.

Mais la scène finale, où le gangster tue le policier, résume un peu le travers éthique du film. Alors que le gangster est une ordure de la pire espèce, habitué aux pires méfaits, il passe pour une personne droite dont tous les actes sont, sinon justifiés, au moins relativisés : il tue Marconni, un indic des méchants policiers, mais on nous fait penser qu'il n'a pas le choix car il les dénoncerait. Il tue le chef des policiers véreux, alors son acte est-il condamnable ? Il organise une bordée de cambriolages pour occuper les forces de police, mais c'est
pour mieux entrer dans le commissariat et subtiliser la vidéo qui fera condamner le méchant commandant Werner.

Il en ressort que le jeune moyen admirera ce « héros » sans peur, qui a des armes dans tous les coins, connaît tous les réseaux etc., alors que celui-ci est vraiment pourri : il tue Marconni gratuitement, puisque son meurtre est rigoureusement inutile dans l'affaire. Le chef des policiers véreux est tué alors que celui-ci a été jugé, puis lourdement condamné par la justice. Il a donc déjà été puni. Enfin les dizaines de vols à main armée simultanés qu'il organise sont autant de risques de victimes innocentes, autant de dépossessions injustes. Quelle que soit sa fin, elle ne saurait justifier ses moyens.