Roberto Rodiguez est un grand cinéaste, il l'a prouvé. Excellent dans la saga des Desperado, pour laquelle il mit la main à la pâte de façon très ingénieuse, il aurait bien tort de vouloir rivaliser avec son mentor, Quentin Tarentino : il l'a déjà dépassé depuis longtemps.
Et puis est venu Machete, comme un trou dans un monochrome, comme une béance dans l'existence, comme un rien, un moins que rien. On se croirait dans un mauvais Van Damme, mais à la sauce Tarentino, avec cette ultra-violence qui donne l'impression d'être quelqu'un, devant ou derrière la caméra. Le gros moustachu qui sert de héros fait les gros bras devant les spectateurs boutonneux avec un charisme en panne sèche. Dommage pour une légende vivante ! Comme dans les Tarentino, on a même le droit à une discussion stupide entre agents de sécurité décérébrés, comme si on y était.
Sur un plan esthétique, Machete n'est pas un échec complet. Au milieu des membres qui volent en tous sens, des intestins qui servent de corde organique pour s'échapper d'un immeuble, des têtes qui s'envolent ou
explosent, des bouillies d'organes et autres déplaisirs, il y a parfois quelques moments, très rares, où quelque chose est beau, ou drôle. Les split-screen utilisés pendant un combat confèrent à l'action une certaine harmonie, bien évidemment gâchée par l'ultra-violence.
Le scénario est assez riche, mais parfois totalement grotesque. Pourquoi un sénateur se laisserait-il filmer en train de tuer des immigrants avec le sourire ? Ayant réussi à subtiliser un ordinateur au méchant de la bande, Machete et son amie vont pouvoir découvrir les plans secret du sénateur au travers de documents dignes des pires Disney. Grotesque on vous dit !
D'autres fois, l'absurde est
vraiment recherché, comme dans la scène finale, où se battent pêle-mêle des infirmières de charme et une fausse religieuse, mais même à ce moment c'est encore raté. Ce n'est pas juste absurde, c'est franchement ridicule.
À côté de l'ultra-violence, Roberto Rodriguez étale de l'érotisme à gogo. Les femmes se succèdent et se donnent en spectacle un maximum, sauvées du « gonzo » par l'intermittence des scènes d'action. De l'infirmière à la femme guerrière en passant par la bonne sœur, les fantasmes masculins, même glauques, sont amplement flattés. Mais cela ne suffit pas. Il reste à toucher le fond. Pour cela on mettra en scène une mère et sa fille croquant le même homme dans une scène érotique aquatique, avant de montrer un père obsédé par les charmes de sa fille.
Pour défendre l'immigration de sa patrie d'origine, le Mexique, il va également en trahir les valeurs. De ce pays très catholique, il va ainsi afficher un prêtre qui trahit gravement le secret de la confession et réduire son église à un lieu ordinaire où se font tortures et coups de mitraille, glisser une catin dans des vêtements de religieuse, et représenter deux femmes intégralement nues vautrées sur le canapé d'une sacristie. Même si ce n'est pas très original (tout réalisateur qui veut faire le malin en vient fatalement à ce genre de blasphème), on peut relever le plaisir tout particulier que Roberto Rodriguez met à mélanger les démons avec les faux anges.
Sur la question de l'immigration, problème américano-américain, il n'est pas
question de prendre position. On relèvera pourtant que la façon désinvolte avec laquelle le thème est traité confine à la caricature. De gros méchants Américains racistes s'organisent pour tuer de très gentils Mexicains qui ne demandent qu'à donner un coup de main à l'économie américaine, voilà le résumé.
On peut également se demander ce que Robert De Niro vient faire dans la danse. Il interprète le sénateur pourri avec ce brio qui lui est propre, mais dans un film qui contient peu d'éléments propres à faire reluire sa filmographie.
Quant à Jessica Alba, très mal doublée dans la version française, on se demande quel est son rôle dans l'histoire, jusqu'au moment où elle se met à
déclamer des phrases convenues sur un ton ridicule pour faire passer les messages du film : « On n'a pas violé la frontière, c'est la frontière qui nous a violés, » ou encore : « Y a la loi et y a ce qui est juste, je vais faire ce qui est juste. » Manifestement le niveau des textes de la belle Jessica est resté bloqué à celui de Flipper le dauphin.
Un film ultra-violent et complaisamment malsain, au service d'un message pro-immigration.
Roberto Rodiguez est un grand cinéaste, il l'a prouvé. Excellent dans la saga des Desperado, pour laquelle il mit la main à la pâte de façon très ingénieuse, il aurait bien tort de vouloir rivaliser avec son mentor, Quentin Tarentino : il l'a déjà dépassé depuis longtemps.
Et puis est venu Machete, comme un trou dans un monochrome, comme une béance dans l'existence, comme un rien, un moins que rien. On se croirait dans un mauvais Van Damme, mais à la sauce Tarentino, avec cette ultra-violence qui donne l'impression d'être quelqu'un, devant ou derrière la caméra. Le gros moustachu qui sert de héros fait les gros bras devant les spectateurs boutonneux avec un charisme en panne sèche. Dommage pour une légende vivante ! Comme dans les Tarentino, on a même le droit à une discussion stupide entre agents de sécurité décérébrés, comme si on y était.
Sur un plan esthétique, Machete n'est pas un échec complet. Au milieu des membres qui volent en tous sens, des intestins qui servent de corde organique pour s'échapper d'un immeuble, des têtes qui s'envolent ou
explosent, des bouillies d'organes et autres déplaisirs, il y a parfois quelques moments, très rares, où quelque chose est beau, ou drôle. Les split-screen utilisés pendant un combat confèrent à l'action une certaine harmonie, bien évidemment gâchée par l'ultra-violence.
Le scénario est assez riche, mais parfois totalement grotesque. Pourquoi un sénateur se laisserait-il filmer en train de tuer des immigrants avec le sourire ? Ayant réussi à subtiliser un ordinateur au méchant de la bande, Machete et son amie vont pouvoir découvrir les plans secret du sénateur au travers de documents dignes des pires Disney. Grotesque on vous dit !
D'autres fois, l'absurde est
vraiment recherché, comme dans la scène finale, où se battent pêle-mêle des infirmières de charme et une fausse religieuse, mais même à ce moment c'est encore raté. Ce n'est pas juste absurde, c'est franchement ridicule.
À côté de l'ultra-violence, Roberto Rodriguez étale de l'érotisme à gogo. Les femmes se succèdent et se donnent en spectacle un maximum, sauvées du « gonzo » par l'intermittence des scènes d'action. De l'infirmière à la femme guerrière en passant par la bonne sœur, les fantasmes masculins, même glauques, sont amplement flattés. Mais cela ne suffit pas. Il reste à toucher le fond. Pour cela on mettra en scène une mère et sa fille croquant le même homme dans une scène érotique aquatique, avant de montrer un père obsédé par les charmes de sa fille.
Pour défendre l'immigration de sa patrie d'origine, le Mexique, il va également en trahir les valeurs. De ce pays très catholique, il va ainsi afficher un prêtre qui trahit gravement le secret de la confession et réduire son église à un lieu ordinaire où se font tortures et coups de mitraille, glisser une catin dans des vêtements de religieuse, et représenter deux femmes intégralement nues vautrées sur le canapé d'une sacristie. Même si ce n'est pas très original (tout réalisateur qui veut faire le malin en vient fatalement à ce genre de blasphème), on peut relever le plaisir tout particulier que Roberto Rodriguez met à mélanger les démons avec les faux anges.
Sur la question de l'immigration, problème américano-américain, il n'est pas
question de prendre position. On relèvera pourtant que la façon désinvolte avec laquelle le thème est traité confine à la caricature. De gros méchants Américains racistes s'organisent pour tuer de très gentils Mexicains qui ne demandent qu'à donner un coup de main à l'économie américaine, voilà le résumé.
On peut également se demander ce que Robert De Niro vient faire dans la danse. Il interprète le sénateur pourri avec ce brio qui lui est propre, mais dans un film qui contient peu d'éléments propres à faire reluire sa filmographie.
Quant à Jessica Alba, très mal doublée dans la version française, on se demande quel est son rôle dans l'histoire, jusqu'au moment où elle se met à
déclamer des phrases convenues sur un ton ridicule pour faire passer les messages du film : « On n'a pas violé la frontière, c'est la frontière qui nous a violés, » ou encore : « Y a la loi et y a ce qui est juste, je vais faire ce qui est juste. » Manifestement le niveau des textes de la belle Jessica est resté bloqué à celui de Flipper le dauphin.