Le Chat Potté

Film : Le Chat Potté (2011)

Réalisateur : Chris Miller (II)

Acteurs : Antonio Banderas (Le Chat Potté), Salma Hayek (Kitty Pattes de Velours), Zach Galifianakis (Humpty Alexandre Dumpty), Billy Bob Thornton (Jack)

Durée : 01:30:00


Un film d'aventures traitant principalement de l'amitié, mais laissant penser qu'il y aurait de gentils brigands.

Il était un personnage secondaire dans Shrek, vite devenu très commercial
grâce à son regard de petit chaton désemparé qui suscite l’hilarité chez les petits et chez les grands. Chez Dreamworks, qui change de distributeur et travaille cette fois avec United International Pictures pour l’occasion, on a décidé d’exploiter le potentiel vendeur du Chat Potté (jeu de mot avec « Chat botté, » pour ceux qui sont un peu lents de la cafetière). « Le Chat Potté, raconte le réalisateur Chris Miller, a largement contribué au succès de Shrek 2, si bien que je sentais que d’ici peu, il volerait de ses propres ailes. C’est un personnage vraiment attachant et il était clair qu’il méritait qu’on raconte son histoire. »

Le voilà donc à l’écran dans un premier rôle fracassant d’aventurier enjôleur
et intrépide, beau et ténébreux félin poursuivi par une blessure secrète qui le rattrape dans cet épisode.

Le cliché est cultivé avec un certain brio.

On retrouve en particulier les poncifs du western avec ses bars sombres et mal famés, son désert aride et mortifère, ses bandits sales et dangereux. L’accent espagnol du Chat, doublé par Antonio Banderas, renvoie d’ailleurs au désert mexicain qui fut le théâtre de tant de films du genre. Pour la productrice Latifa Ouaou, « on s’est inspiré des vieux films de Sergio Leone et de l’architecture hispanisante mais nous étions conscients de ne pas pouvoir trop dévier de son univers d’origine. »

De même, parité oblige, il fallait qu&
rsquo;une belle aventurière complète le tableau sans être une potiche en bel apparat. Comme l’explique Joe Aguilar, « on a voulu créer un personnage qui ne soit pas qu’une femme fatale. »

Celle-ci, doublée dans la version française par Virginie Efira, donne donc du fil à retordre à notre indéfectible séducteur (on est loin d’un amour simple et innocent à la Disney, ce qui pose la question des valeurs véhiculées auprès des enfants). Elle est une chatte voleuse fort sympathique, qui se déhanche et minaude tout en subtilisant les choses les plus improbables.

Voleur et sympathique, notre Chat l'est tout autant. Il assume son métier de voleur, même s’il ne pille ni les églises, ni les orphelinats, et ceux qu’ils cherchent à d&
eacute;valiser tout au long du film sont d’odieux brigands détenteurs de haricots magiques. Le réalisateur assume : « Il a quelque chose de diabolique, et c’est ce que j’aime le plus chez lui, mais il a quand même un grand cœur. »

Y-aurait-il de gentils brigands ? Si tout dans la vie n’est pas tout blanc ou tout noir, c’est un fait que le vol, en dehors de tout état de nécessité, est un fléau social. S’approprier le bien d’autrui est une injustice qui peut être très grave. Or, quand le Chat découvre que son ami Mouillette vole une banque, il lui dit simplement qu’il vole ainsi tous les pauvres du village, ce qui pourrait laisser entendre que voler les riches serait une chose sans gravité.

Pour Antonio, ce brouillage de cartes vis-à-vis des enfants ne pose pas de probl&
egrave;me : « Il est romantique, mais c’est un héros d’aventure au grand cœur, qui a le sens de la loyauté et de l’honneur, tout en étant un peu filou, ce qui, à mon avis, le rend encore plus attachant aux yeux des enfants. »

Enfin la blessure secrète du Chat est une blessure d’amitié. Le réalisateur décrit le film comme « une aventure entre frères qui tourne mal et se transforme en une histoire de vengeance et de rédemption… » Son ami de l’orphelinat, Mouillette, un œuf (oui ! il ne faut pas dénier au film une certain forme d’originalité !), est devenu quant à lui un méchant brigand revanchard. Le Chat se sent trahi et refuse de lui porter assistance quand il est en difficulté, ce qui provoque aussi ce sentiment de
trahison chez son ami Mouillette.

Chacun se sent trahi par l’autre, mais les trahisons sont un thème majeur du film. Les enfants auront probablement du mal à suivre où est le bien et où est le mal, tellement les deux thèmes sont emberlificotés. Le Chat aide Mouillette à faire un casse de banque sans demander plus d’explications, tandis que l’autre l’entraîne dans ce vol présenté comme mauvais. Le Chat passe alors pour un héros sans reproche, tandis qu’il est en fait un authentique voleur, qui profite du corps de ses conquêtes amoureuses comme s’il était un objet (lesdites amoureuses en sont bien entendu tout à fait satisfaites, comme dans un film de gros macho !).

Comme dans Shrek, le tout est enrobé dans un univers fantastique de contes pour enfant. &
laquo; Quand
nous avons commencé, explique le producteur Joe Aguilar, Le Chat Potté, on s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas trop dévier du monde de Shrek car c’est à cet univers qu’il appartient. Repenser complètement ce monde aurait déplu au public. Mais on savait qu’on pouvait aller assez loin tout en y restant fidèle. »

La poussée des haricots magiques jusqu’aux nuages est tout bonnement féerique, comme le château ou l’oie aux œufs d’or qui s’y trouvent. Les gags sont pour la plupart rigolos et les rebondissements ne manquent pas.

Dommage que l’univers naturellement manichéen des enfants soit brutalisé car, sinon, le tout aurait été de très grande qualit&
eacute;.