Vapotages poétiques d'un rocker

Film : Rester Vivant : Méthode (2016)

Réalisateur : Reinier van Brummelen

Acteurs : Michel Houellebecq (Himself), Iggy Pop (Himself), Anne Claire Bourdin (), Jérôme Tessier (), Robert Combas (), Joseph d'Angelo (Psychiatrist), Jean-Paul Bourdin (), Danielle Bourdin ()

Durée : 1h 10m


Le rocker Iggy Pop vient nous parler de poésie dans ce documentaire inspiré du roman de Michel Houellebecq Rester vivant, écrit en 1997. Rien à dire, ce documentaire est fait pour les artistes ! Il se destine pourtant à un public similaire à celui de L'Ecran : des personnes, nombreuses, en quête de sens dans leur vie post-moderne. Iggy Pop pourrait bien être l'effigie 2018 de notre site, qui rassemble lui aussi, autant que possible, des chercheurs de sens. Mais Iggy appartient à la génération Bowie, dont le message sociétal ne porte plus autant que par le passé. Les rockers aujourd'hui sont relégués aux marges de la pop. Il n'intéressent plus qu'un public de niche, le plus souvent des nostalgiques. Aussi le face-à-face entre Iggy et Houellebecq transpire-t-il parfois la solitude et l'ennui. Il a bien sûr le mérite de poser la question du défi culturel et artistique pour une société en perte de transcendance. Cependant son appel à prendre le pouvoir lancé aux poètes, somme toute assez cocasse, résonne tel une bribe de slam lancée spontanément en l'air. Il ne rencontre pas de véritable génie dialecticien et se contente de divaguer dans la brume faussement tranquillisante d'une pathologie du mal être social. Les passionnés de l'à-peu-près ou les ingénieurs en complication de la vie pourront y trouver la voie de l'évasion salutaire. Mais les autres auront de bonnes chances de quitter la salle. Car l'évangile selon Iggy est trop subtil pour être compris par tous.

Commentaires

Portrait de froggy
L'écran aurait-il perdu son bon sens ?

Tiré de Wikipedia : "Sur scène Iggy, s'inspire de Morrison, s'exhibe nu, se lacère, s'enduit de beurre de cacahuète, vomit sur son public."... "Par la suite, Iggy continue sa carrière en solo, s'enfonce davantage dans la drogue, tente de s'improviser chanteur pour l'ex-Doors Ray Manzarek, vit dans la rue, se mutile sur scène lors de performances artistiques extrêmes, perd ses dents dans une lutte avec des surfeurs, et enregistre, avec l'ex-Stooges James Williamson, un album (Kill City, 1976) qui sera refusé par toutes les maisons de disques. Proche de la déchéance Iggy tente alors de se libérer de son addiction à l'héroïne et passe un an dans un hôpital psychiatrique."

Iggy pop est un déchet. Dans votre article on ne comprend pas ce qui est si extraordinaire dans son "enseignement", mais on peut s'étonner (le mot est faible) qu'un tel individu ait un mot à dire sur une société dont il est un pur produit...

Igyy pop effigie du site 2018 ? Vraiment ? L'écran aurait-il perdu son bon sens ?

Portrait de Philou
Anachronisme ?

Je n'ai pas vu le film (mais je ne suis pas le seul ici, si j'ai bien compris), mais cet extrait de Wikipedia concerne les faits d'Iggy dans les années 1970. 
N'a-t-on pas le droit à la recherche de vérité, même avec un passé de rockeur caricatural ? N'a-t-on pas droit à la rédemption ? 
Le Iggy des années 2010 est-il celui d'il y a plus de quarante ans ? Je n'ai pas l'impression que le film soit porteur de la médiocrité qui fut la sienne. À l'auteur de nous dire ! 

Portrait de froggy
Est-ce assez récent pour vous ?
Portrait de Philou
Anachronisme ?

Mon "égérie" : comme un soupçon de mauvaise foi ! Parlons sérieusement, je le connais à peine.
Un chanteur de rock prend de la LSD et se met tout nu sur scène. Quelle subversion en effet ! 
Les faits relatés par l'interview que vous partagez sont antérieurs au film. Et vous n'avez pas vu le film. Il s'y trouve manifestement des éléments qui valent davantage qu'une censure a priori, basée sur des banalités de vie de rockeur qui trouve encore icolonoclaste de montrer ses fesses à un parterre d'homo festivus. Personne n'est exclu de la réflexion, de la recherche de la vérité ou de la contemplation. Le croisement de ses vapotages avec la pensée de Michel Houellebeck peut tout à fait donner des réflexions intéressantes, entre un ancien produit du modernisme, comme vous ne le notez à juste titre, et une figure actuelle de la pensée anti-moderne.
J'insiste sur le terme "ancien" : Iggy est un symbole du rock, musique qui ne s'admire plus que par nostalgie, n'est plus à la mode etc. Il fait partie d'un ancien monde qui vaut ce qu'il vaut bien sûr, mais en tout cas ancien. Et c'est probablement dans cette nostalgie qu'il trouve un croisement d'errances poétiques avec Houellebeck.

Il ne serait pas le premier à alimenter la rubrique des faits scabreux, tout en avançant des réflexions qui valent le détour. 
Ou alors ne lisez plus Balzac, qui passait la moitié de son temps dans les bordels parisiens (et Iggy est largement au rock ce que Balzac est à la littérature, vous comprenez l'analogie bien sûr) ...

Portrait de froggy
"Iggy Pop pourrait bien être

"Iggy Pop pourrait bien être l'effigie 2018 de notre site"

Vous pourrez ironiser tant que vous voulez : ce n'est pas moi qui l'invente c'est écrit dans l'article.

Vous êtes le seul à parler d'une censure a priori. D'une part rien dans votre article n'indique en quoi les propos d'Iggy Pop méritent vos lauriers (on en sort aussi peu renseigné qu'on y rentre), d'autre part il y a une différence entre censurer et être perplexe, et enfin les moeurs privées de Balzac ne sont en rien comparables à la débauche publique de ce chanteur.

Assurément, les critiques que vous êtes supportent bien mal la critique. Évidemment que je ne suis pas allé voir le film ! C'est bien pour ça que je viens sur L'écran ! Et après un article pareil je ne suis pas plus avancé qu'au départ ! Ce film merite-t-il d'être vu ? Quels sont ses intérêts ?

Me dire qu'Iggy Pop dit des choses intéressantes ne m'avance pas ! N'importe qui, et heureusement, est capable d'en dire.
Je viens ici pour savoir si je perdrais ou non mes 9 € !

Portrait de jbdupotet
Ni groggy ni funky

Merci pour vos commentaires, Froggy et Philou. Je vous rassure tout de suite, Froggy, la ligne éditoriale n'a pas changé et restera fidèle à sa recherche d'objectivité et de sens ! La phrase "Mais Iggy appartient à la génération Bowie..." aurait pu vous mettre la puce à l'oreille : il s'agit bien entendu d'humour. Mais vous avez raison de réagir ainsi, car le 2nd degré n'est pas toujours accepté de nos jours. Il ne s'agit pas en l'occurrence de dresser le panégyrique d'une rock-star que vous avez semble-t-il déjà enterrée (!), mais simplement d'essayer d'évaluer sa dernière oeuvre d'artiste en tant que tel. Je comprends bien que vous trouviez son passif un peu lourd, mais en tant que journalistes et critiques nous ne pouvons pas nous contenter d'un a priori négatif et condamner de butte en blanc toute son oeuvre future d'un coup, comme le dit Philou. J'étais comme vous perplexe avant d'aller voir ce film. Mais après l'avoir vu, je me dis : c'est quand même piquant de voir ces anciennes égéries de la révolution culturelle appeler à un retour à la poésie ! Le psychiatre et thérapeute autrichien Frankl disait justement que la société moderne est malade du manque de sens et de transcendance. Que ce soit un ancien rocker qui le dise aujourd'hui, c'est fort de café me direz-vous peut-être ! Mais n'est-ce pas tellement révélateur aussi de l'échec du message de libération individuelle tel qu'il était vilipendé dans les années 60-70 ? Je trouve votre remarque - 'c'est un déchet' - quelque peu définitive : est-ce que cet homme n'aurait pas droit à une rédemption même tardive selon vous ? Notre travail à L'Ecran est justement d'essayer de décortiquer le contenu de toutes les oeuvres, les plus brillantes comme les plus incertaines, pour sonder le sens de l'expression artistique et de notre époque. Votre contribution nous aide à mieux comprendre votre perception et vos attentes.

Portrait de froggy
Je comprends mieux

Cher Monsieur du Potet,

Nos réponses se sont croisées. Je vous remercie pour ces précisions !

J'aurais aimé que ces précisions fussent dans l'article initial mais après tout la critique est aisée, l'art est difficile ;-)

Bonne Pentecôte à vous.

Portrait de jbdupotet
Précision

Vous êtes le bienvenu, je prends bonne note de votre remarque ! J'ajoute que sur la page précédente figure une notation détaillée du film qui vous permet de vous faire un avis plus précis sur la qualité de l'oeuvre si vous avez un doute à l'avenir : en l'occurrence une moyenne de 3/5 pour ce film, qui ne récolte donc pas notre entière satisfaction ! Dans tous les cas n'hésitez pas à nous contacter ou à réagir.