Le sens donné au film repose sur les conséquences, bonnes ou mauvaises, heureuses ou malheureuses, qu’engendre l’état optimiste ou pessimiste du personnage. Il met aussi en relief la simplicité de la vie que mène celui qui ne répugne pas à la besogne. Les techniques utilisées traduisent ces démarches par l’illustration d’un ciel riche en lumière et en couleurs si le personnage manifeste de l’enthousiasme, mais par des nuages gris et un climat capricieux si celle-ci n’a pas le moral. Quant à la simplicité d’une vie dépouillée de problèmes, elle se révèle par le biais d’un montage simple réalisé à partir de plans cadrés sans complications superflues. Mais la simplicité des techniques n’en restreint pas la variété : la confiance que Kiki a en elle même et l’importance du contrôle qu’elle a sur les événements se mesurent à l’altitude qu’elle prend lors de ses vols, altitude constamment gérée par la
position de la caméra – plongée ou contre-plongée – suivant qu’elle maîtrise ou non la situation du moment. Le jeu des personnages et des doublures vocales s’avère cohérent avec leur personnalité respective : L’enthousiasme de Kiki s’apprécie d’autant plus qu’il contraste avec l’attitude perdante de son chat constamment inquiet. Tandis que la première respire la joie par une attitude ouverte et extravertie, le second marque son défaitisme par le silence et le repliement sur lui-même. L’admiration qu’éprouve le garçon à la vue de l’héroïne se répercute dans sa vivacité corporelle et la douceur des clients témoigne de leur sympathie. Hayao Miyasaki nous offre une œuvre mêlant légèreté et joie, finesse et tendresse, autant d’aspects qui reposent dans la beauté des dessins, l’harmonie des couleurs et la précision des traits. Les personnages, physiologiquement dessinés selon leur caractère, rentrent dans le décors et se fondent parfaitement avec lui car, si l’environnement intime d’un personnage en représente l’
essence profonde, l’univers de « Kiki, la petite sorcière » forme un tout avec ses habitants et traduit l’harmonie des personnages avec la nature et la société, témoignage d’une vie saine et simple.
L’histoire s’avère propre et belle avec des images qui répondent à ces deux qualités. Dépouillé du superficiel et du grotesque classique inhérent à une large part de l’univers manga, ce métrage ne tend qu’à offrir les ingrédients artistiques favorables à une présentation pour le public visé : la jeune génération. Critère valable en matière de morale, le tout jeune spectateur y trouvera l’exemple d’une petite fille qui tient à mériter son salaire par la besogne ; qualité d’autant plus louable du fait qu’elle refuse spontanément le fruit du zèle. Il y verra que le mérite ne se cantonne pas à la nature lucrative d’un dû, mais qu’il consiste également à la régularité et à la persévérance dans l’entraînement afin de conserver ses acquis. Quant à l’héroïsme du personnage, il s’apprécie
d’autant plus que son mobile prend racine dans les intentions droites du sujet et n’est pas motivé par l’orgueil ou la gloire. Enfin, il s’averrait prudent que le spectateur non averti prenne garde à ne pas considérer cette œuvre sous la lumière de son titre, le mot « sorcière » renvoyant à un être pervers venu empiéter sur le terme de « magicienne », personnage de conte. Dans le cas contraire, l’œuvre perdrait tout son message moral au profit d’une illusion cinématographique dont le pittoresque ferait office de mise en valeur quant à l’image des sbires du mal…
Jean-Noël COUSIN
position de la caméra – plongée ou contre-plongée – suivant qu’elle maîtrise ou non la situation du moment. Le jeu des personnages et des doublures vocales s’avère cohérent avec leur personnalité respective : L’enthousiasme de Kiki s’apprécie d’autant plus qu’il contraste avec l’attitude perdante de son chat constamment inquiet. Tandis que la première respire la joie par une attitude ouverte et extravertie, le second marque son défaitisme par le silence et le repliement sur lui-même. L’admiration qu’éprouve le garçon à la vue de l’héroïne se répercute dans sa vivacité corporelle et la douceur des clients témoigne de leur sympathie. Hayao Miyasaki nous offre une œuvre mêlant légèreté et joie, finesse et tendresse, autant d’aspects qui reposent dans la beauté des dessins, l’harmonie des couleurs et la précision des traits. Les personnages, physiologiquement dessinés selon leur caractère, rentrent dans le décors et se fondent parfaitement avec lui car, si l’environnement intime d’un personnage en représente l’
essence profonde, l’univers de « Kiki, la petite sorcière » forme un tout avec ses habitants et traduit l’harmonie des personnages avec la nature et la société, témoignage d’une vie saine et simple.
L’histoire s’avère propre et belle avec des images qui répondent à ces deux qualités. Dépouillé du superficiel et du grotesque classique inhérent à une large part de l’univers manga, ce métrage ne tend qu’à offrir les ingrédients artistiques favorables à une présentation pour le public visé : la jeune génération. Critère valable en matière de morale, le tout jeune spectateur y trouvera l’exemple d’une petite fille qui tient à mériter son salaire par la besogne ; qualité d’autant plus louable du fait qu’elle refuse spontanément le fruit du zèle. Il y verra que le mérite ne se cantonne pas à la nature lucrative d’un dû, mais qu’il consiste également à la régularité et à la persévérance dans l’entraînement afin de conserver ses acquis. Quant à l’héroïsme du personnage, il s’apprécie
d’autant plus que son mobile prend racine dans les intentions droites du sujet et n’est pas motivé par l’orgueil ou la gloire. Enfin, il s’averrait prudent que le spectateur non averti prenne garde à ne pas considérer cette œuvre sous la lumière de son titre, le mot « sorcière » renvoyant à un être pervers venu empiéter sur le terme de « magicienne », personnage de conte. Dans le cas contraire, l’œuvre perdrait tout son message moral au profit d’une illusion cinématographique dont le pittoresque ferait office de mise en valeur quant à l’image des sbires du mal…