La Grande séduction

Film : La Grande séduction (2003)

Réalisateur : Jean-François Pouliot

Acteurs : Raymond Bouchard (Germain Lesage), David Boutin (Christopher Lewis), Benoît Brière (Henri Giroux), Pierre Collin (Yvon Brunet), Lucie Laurier (Eve Beauchemin) et Clémence Desrochers (Clotilde Brunet...

Durée : 01:50:00


Le film est le plus gros succès du box office québécois pour l’année 2003, surclassant « Matrix » et le « Retour du roi ». On pense bien sûr aux joyeuses comédies anglaise comme « L'Anglais qui gravit une colline et descendit une montagne » de Christopher Monger (1995) où tout un village croqué avec pittoresque conspire gentiment pour sa survie ou sa fierté. A l’image du directeur de banque conjuguant inlassablement des pulls formidablement ringards et colorés avec le même noeud papillon, le scénario de Ken scott use avec bonheur de poncifs et lieux communs pour créer une histoire si rafraîchissante que l’on croit un moment à son originalité. Sans doute l’excellente interprétation, la plupart des acteurs sont des stars au Canada, aide-t-elle beaucoup à éviter les lourdeurs qui abondent d’ordinaire dans ce genre de comédie. Principal défaut du film : on
ne comprend pas une bonne partie des répliques (essayez donc de comprendre un vieux québécois un peu gris, ce qui arrive souvent aux personnages du film). La réalisation de Jean-François Pouliot, dont c’est le premier film, sait se faire oublier. Ce n’est certes pas aussi génial que « Les invasions barbares » de Denis Arcand, mais l’on continue à sourire plusieurs heures après être sortie de la salle. Que demander de plus ?

Au début du film, un villageois regrette la vie simple et laborieuse que menaient ses parents ; le décor est planté : goût du travail, amour des traditions, recherche de sa fierté. Plus tard, c’est l’ensemble du village qui éprouvera des remords pour le tissu de mensonges qu’ils ont construit autour du docteur, et si ce dernier décidera de rester, ce n’est pas pour les faux avantages que les villageois lui faisaient miroiter, mais parce qu’il aura compris que la vie qu’il menait à la ville (drogue, luxure, hypocrisie contante) ne menait à rien. La pureté
et la fierté que le village retrouve à la fin et qui lui fait renouer avec ses ancêtres est incarné tout le long du film par la postière, seul habitant du village à avoir moins de cinquante ans et qui, malgré ses charmes reste à l’écart de la séduction. Un grand film populaire et familial comme on souhaiterait en voir plus souvent. Quelques répliques et une bande son suggestives, mais dans un climat sain.

Benoît d'ANDRE