Troie

Film : Troie (2003)

Réalisateur : Wolfgang Petersen

Acteurs : Brad Pitt (Achille), Eric Bana (Hector), Orlando Bloom (Pâris), Diane Kruger (Hélène), Sean Bean (Ulysse), Peter O'Toole (Priam), Julie Christie (Thétis), Brian Cox (Agamemnon) .

Durée : 02:35:00


Petersen prend quelques libertés avec la trame homérique, surtout à la fin, mais reste fidèle aux principaux épisodes.

Le parti pris du réalisateur est très clairement de faire de l'épopée
mythique un film quasi historique, ou du moins acceptable aux yeux de notre société moderne rationaliste... Il tient donc la gageure de supprimer les personnages divins et de les remplacer par des entités inexistantes voire dangereuses ("Apollon, combien de bataillons ?" demande en substance le très pragmatique Hector), ou par des légendes stupides (l'invulnérabilité d'Achille). La réalisation se heurte cependant à des problèmes évidents de reconstitution historique, et se rattrape sur les prises de vue très hollywoodiennes, qui mettent en valeur sans excès la grandeur du sujet. De même les acteurs s'efforcent tous d'humaniser leur personnage - saluons la performance de Peter O'Toole, magnifique Priam. Brad Pitt s'attaque à son personnage complexe avec beaucoup d'application. Le spectateur sort ébloui par les décors, mais ne manque pas de s'interroger sur le problème de la guerre montré sans pacifisme forcené et sommaire. On a cependant l'impression fâcheuse que les ajouts de Petersen quant à l'
interprétation n'ont fait que déprécier l'oeuvre immortelle, à qui il emprunte pratiquement tous les sujets de réflexion. Il est même difficile de dire que le film constitue une bonne découverte de l'épopée : le rôle des dieux, quelques détails de scénario qui dégoûteront les puristes et éviteront aux lecteurs d'Homère l'impression de tout connaître à l'avance, tendent à modifier profondément le sens de l'oeuvre.

Petersen veut visiblement éviter l'écueil d'une représentation trop simpliste et enfantine de la guerre de Troie, et hésite à nouveau entre souffle épique et réalisme parfois cru. Les scènes de bataille et de combats singuliers satisferont donc les amateurs sans toutefois d'excès d'hémoglobine. En revanche, la violence parfois pénible et la crudité de scènes entre Pâris et Hélène ou Achille et sa captive Briséis, vierge consacrée à Apollon, ne permettent pas de recommander le film aux plus jeunes.

>Louis-Marie CARLHIAN